Incidents aériens en Turquie : L’Otan dénonce un comportement « irresponsable » (MàJ)

Alors que la campagne aérienne menée par la Russie en Syrie contre l’État islamique mais aussi et surtout contre tous les groupes armés hostiles au régime de Bachal el-Assad est entrée dans son sixième jour, la Turquie a fait état de deux incidents qui auraient pu mal se terminer.

Le premier a eu lieu le 3 octobre : un avion de combat russe est entré dans l’espace aérien de la Turquie, avant de faire demi-tour face à deux F-16 turcs. Pour Moscou, il s’agit d’une « erreur de navigation », ce que peine à croire Ankara.

Le second s’est produit le lendemain, avec un MiG-29 « non identifié » qui aurait « harcelé » deux autres F-16 de l’aviation turque pendant plus de 5 minutes. Jusqu’à présent, seule les forces aériennes syriennes disposent d’un tel appareil, la Russie n’en ayant pas déployé – du moins jusqu’au dernière nouvelle – en Syrie.

Réunis en urgence, les 28 membres de l’Otan ont estimé « extrêmement dangereuses » les incursions russes dans l’espace aérien turc et dénoncé un « comportement irresponsable ».

De son côté, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, actuellement en déplacement au Chili, a fait part de sa préoccupation au sujet de ces incident.

« Nous sommes très préoccupés par cela car c’est précisément ce genre de choses pour lesquelles la Turquie défend ses droits et cela aurait pu aboutir à ce que (ces avions) soient abattus », a en effet affirmé M. Kerry.

« C’est précisément le genre de choses contre lesquelles nous avons mis en garde et c’est pour cela que nous avons entamé des conversations avec la Russie pour être certains qu’il n’y a pas de possibilité de conflit accidentel », a encore poursuivi le responsable américain. « Ces conversations sont encore plus soutenues actuellement et nous verrons rapidement si cela peut être désamorcé », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, l’aviation russe a poursuivi ses frappes au cours de ces dernières heures, en ciblant 9 objectifs. A priori, elles ont prioritairement visé le Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda ainsi d’autres groupes rebelles puisqu’elles ont essentiellement été effectuées dans des zones où l’État islamique (EI ou Daesh) est peu présent, voire pas du tout.

Le ministère russe de la Défense a expliqué que les frappes visent « à désorganiser la chaîne de commandement et à endommager la logistique des terroristes ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a même précisé que cette intervention vise à « soutenir l’armée syrienne » contre les « groupes terroristes ».

Les 28 États membres de l’Otan ont appelé la « Fédération russe à immédiatement cesser ses attaques contre l’opposition syrienne et les civils » et exprimé « leur grave préoccupation face aux frappes en particulier à Hama, Homs et Idlib, qui ont fait des victimes civiles et ne visaient pas l’EI ».

Enfin, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a « corrigé » la position exprimée le 2 octobre par le président Hollande, selon laquelle il ne fallait « frapper que Daesh et uniquement Daesh ».

« C’était une formule rapide », a ainsi admis le patron du Quai d’Orsay, ce jour, sur les ondes d’Europe1. Il faut « taper Daesh et les groupes considérés comme terroristes », notamment al-Nosra, a-t-il affirmé. C’est à dire ceux qui figurent sur la liste des Nations unies.

MàJ-1 : Le ministère russe de la Défense affirme que le Su-30 intercepté par les 2 F-16 turc était entré dans l’espace aérien de la Turquie en raison de « mauvaises conditions météorologiques. « Il ne faut pas y voir un complot quelconque », fait valoir le général Igor Konachenkov.

MàJ-2 : Selon le communiqué de l’Otan, 2 avions russes ont violé l’espace aérien turc : un Su-30 SM le 3 octobre et un Su-24 le 4 octobre. « Ces appareils russes ont pénétré dans l’espace aérien turc malgré les mises en garde claires des autorités turques, formulées en temps voulu et à plusieurs reprises. Conformément aux pratiques OTAN, des avions de combat turcs ont répondu à ces incursions en s’approchant pour identifier les intrus, après quoi les appareils russes ont quitté l’espace aérien turc », précise le texte.

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