Syrie : Des avions de combat russes sans cocardes

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Dans l’album « l’École des aigles
« , premier volume des « Chevaliers du ciel », le T-33 de Tanguy et Laverdure se fait éperonner par un avion ne portant aucune cocarde et autres marques distinctives. Et pour cause, ce dernier était engagé dans une opération secrète visant à repérer l’ogive d’un missile français ultra-secret.

Le diable se niche dans les détails… Ainsi, les vidéos diffusées par le ministère russe de la Défense au sujet de ses opérations menées actuellement en Syrie montrent que des avions de retour de mission sont dépourvus des traditionnelles cocardes. En l’occurrence, pour la Russie, il s’agit d’une étoile rouge.

Si l’on est un poil tatillon, l’on pourrait dire qu’aucun avion russe n’effectue de frappes en Syrie actuellement puisque ceux déployés à Lattaquié ne portent aucune marque permettant d’identifier leur nationalité.

EXCLUSIF ! SYRIE : LES AVIONS DE COMBAT RUSSES EN ACTION Images: Ministères de la Défense Russe (Musique originale de Paul Robinson)

Posted by AIR FAN on jeudi 1 octobre 2015

En matière de droit des conflits armés, la question des signes distinctifs est largement évoquée… Ainsi, le Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux, précise dans son article 39 qu’il est « interdit d’utiliser les drapeaux ou pavillons, symboles, insignes ou uniformes militaires des Parties adverses pendant des attaques ou pour dissimuler, favoriser, protéger ou entraver des opérations militaires ».

En outre, il n’est pas question non plus d’utiliser les marques distinctives d’organisations sanitaires et humanitaires, pas plus qu’il est autorisé l’identification d’un vol commercial pour mener des opérations. Mais rien n’est dit sur le fait d’effacer les cocardes d’un avion militaire…

Or, il n’existe pas de traité international régissant les opérations aériennes. Et cela même si une commission de juristes réunie en 1922 avait formulé une série recommandations : ces dernières n’ont jamais fait l’objet d’une convention internationale. Quelques dispositions, cependant, ont été intégrées au Protocole additionnel aux Conventions de Genève afin d’interdire, notamment, les attaques « indiscriminées » susceptible de causer des dégâts « excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu ».

Dans un long commentaire concernant les opérations aériennes et le droit de la guerre, le colonel espagnol Francisco Javier Guisández Gómez écrivait, en 1998 : « En règle générale, on peut affirmer que tout pilote qui pénètre en territoire ennemi avec un avion portant des marques distinctives ne perdra jamais son statut de combattant et ne pourra par conséquent en aucun cas être considéré comme un espion ». Pour l’État islamique (EI ou Daesh), cela  importe peu, comme on l’a vu avec le funeste sort qu’a connu un pilote jordanien de F-16 au début de cette année.

Dans le fond, on pourrait se dire que, finalement, la présence ou pas de cocardes sur les avions russes engagés en Syrie n’a que peu d’importance : la Russie ne cache pas ses actions.

Au passage, le ministère russe de la Défense a précisé, le 1er octobre, avoir déployé en Syrie plus de 50 avions et hélicoptères, ainsi que des troupes d’infanterie de marine, des parachutistes et des unités de forces spéciales, sans toutefois préciser le type des appareils concernés.

Mais l’on sait à peu près que le détachement russe compte 16 bombardiers tactiques (dont 4 Su-34 Fullback et 12 Su-24 Fencer), 12 avions d’attaque Su-25 Frogfoot et 4 appareils polyvalents Su-30 SM.

Or, si il ne fait aucun doute que les Su-34 sont russes pour la simple et bonne raison que seule la Russie en dispose, c’est en revanche plus compliqué pour les autres types d’appareils, plus largement répandus. Les Iraniens, qui sont présents en Syrie via les Gardiens de la révolution, sont dotés de Su-25… mais aucun n’a été signalé dans les cieux syriens pour le moment. Mais qui peut dire que ce ne sera pas le cas à l’avenir?

Enfin, les forces aériennes syriennes comptent quelques Su-24, dont un a été abattu par la défense aérienne israélienne à proximité du plateau du Golan. Pour le coup, des « Fencer » sans cocardes pourraient constituer un problème d’identification, d’autant plus que le ciel syrien est quelque peu encombré, avec les opérations menées par la coalition anti-EI emmenée par les États-Unis.

Or, en août, un porte-parole de la Maison Blanche avait prévenu que les forces syriennes ne devaient « pas interférer » avec les action des rebelles formés par les États-Unis pour combattre l’EI sous peine de « mesures supplémentaires » visant à protéger ces derniers.

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