Des frappes aériennes russes en Irak?

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Au cours de la journée du 30 septembre, en Syrie, l’aviation russe a effectué 20 sorties au cours desquelles elle a affirmé avoir détruit 8 objectifs liés à État islamique (EI ou Daesh). Ce que contestent la France et les États-Unis, où l’on craint surtout que les frappes ont plutôt visé ce qu’il reste de l’Armée syrienne libre (ASL).

S’il est difficile de faire la part des choses, il est toutefois probable que les Su-24 « Fencer » et Su-25 « Frogfoot » russes aient visé d’autres organisations : si 8 sorties ont ciblé l’EI, il en reste 12 dont l’objectif n’a pas été précisé. À moins qu’elles aient manqué leurs objectifs.

Pour l’influent sénateur américain John McCain, qui ne cesse de critiquer la stratégie suivie par Barack Obama, contre lequel il était opposé lors de la course à la Maison Blanche en 2008, les aviateurs russes ont visé des rebelles soutenus par les États-Unis.

« Je peux absolument confirmer que ces frappes visaient l’Armée syrienne libre ou des groupes qui ont été armés et entraînés par la CIA », a ainsi affirmé le président de la commission des Forces armées du Sénat, lors d’un entretien donné à CNN. « C’est une incroyable illustration de (…) ce qu’est la première priorité du (président russe Vladimir) Poutine », a-t-il ajouté.

Cependant, il est probable que l’aviation russe n’a pas cherché à discriminer ses objectifs. Car, a priori, les combattants de l’Armée de la conquête, qui regroupe le Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda ainsi que les islamistes d’Ahrar al-Cham, ont également été visé à Jisr al-Choughour.

C’est dans ce contexte qu’une source diplomatique russe a évoqué l’existence d’une proposition faite par Moscou à Bagdad visant à frapper l’EI sur le territoire irakien.

Peu de temps après cette révélation, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a assuré qu’il n’était pas dans les plans de la Russie de mener des frappes aériennes en Irak. « Nous n’avons pas été invités (à le faire) on ne nous l’a pas demandé. Nous sommes des gens polis comme vous le savez, nous n’y allons pas si nous ne sommes pas invités », a-t-il ironiquement dit.

Mais Premier ministre irakien, Haïder al-Abadi, a saisi la balle au bond. Interrogé sur ce sujet par France24, il a répondu qu’aucune discussion avec Moscou sur d’éventuelles frappes en Irak n’était en cours. Du moins « pas encore ». Mais, a-t-il poursuivi, « c’est une possibilité ». Et d’ajouter : « Si l’offre nous est faite, nous l’étudierons ».

Déjà que l’intervention de l’aviation russe provoque des tensions avec la coalition anti-EI emmenée par les États-Unis, une telle éventualité ne ferait rien pour les arranger. Sauf à trouver un terrain d’entente afin d’éviter les risques d’incidents.

En attendant, la coopération entre l’Irak et la Russie a été accrue, ces derniers jours, avec la décision de mettre en place, à Bagdad,  un centre de renseignement destiné à lutter encore plus efficacement conte l’EI. La Syrie et l’Iran y participent également.

« Il s’agit d’une commission de coordination entre quatre pays (…) dans le cadre du renseignement militaire dont le but est de partager et d’analyser l’information », a expliqué, le 27 septembre, Saad Al-Hadithi, le porte-parole du gouvernement du Premier ministre irakien. « Elle se concentrera sur la surveillance des mouvements terroristes et la réduction de leurs capacités », a-t-il ajouté.

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