Pour Paris, les premières frappes russes en Syrie n’ont pas visé l’État islamique

En marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le 28 septembre, le président russe, Vladimir Poutine, n’avait pas exclu d’éventuelles « frappes aériennes » russes contre les groupes jihadistes en Syrie.

Cela dit, quand on déploie sur une base syrienne 12 avions d’attaque Su-25 « Frogfoot », 18 bombardiers, dont 12 Su-24 « Fencer » et 6 Su-34 « Fullback » sans oublier quelques appareils polyvalents Su-30 SM, ce n’est pas pour vendre du muguet….

Peu après l’annonce, ce 30 septembre, d’un vote, à l’unanimité, du Conseil de la Féderation [ndlr, le Sénat russe] en faveur d’une intervention militaire à l’étranger, un responsable américain avait indiqué que l’aviation russe venait d’effectuer son premier raid aérien dans la province syrienne de Homs. Ce que Moscou n’a pas tardé à confirmer.

« Conformément à la décision du commandant en chef des forces armées Vladimir Poutine, nos avions ont mené une opération aérienne et réalisé des frappes de précision sur des cibles au sol des terroristes du groupe Etat islamique en Syrie », a ainsi affirmé le général Igor Konachenkov, un porte-parole du ministère russe de la Défense. Des « équipements militaires » et des « stocks d’armes et de munitions » auraient ainsi été détruits.

En outre, la télévision d’État syrienne a indiqué que les opérations aériennes russes, menées en coopération avec les forces du régime de Bachar el-Assad, ont concerné deux provinces, dont celles de Hama (nord-ouest) et Homs (centre).

« Le seul moyen de lutter efficacement contre le terrorisme international – en Syrie comme sur les territoires voisins – (…) est de prendre de vitesse, de lutter et de détruire les combattants et les terroristes sur les territoires qu’ils contrôlent et ne pas attendre qu’ils arrivent chez nous », a en outre affirmé Vladimir Poutine au sujet de ces frappes aériennes russes.

Seulement, il semblerait que l’aviation russe n’ait pas visé, comme Moscou le prétend, les positions de l’État islamique (EI ou Daesh). Du moins, c’est c ce qu’a affirmé Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense.

« Les forces russes ont frappé en Syrie, c’est désormais public, et curieusement elles n’ont pas frappé Daesh », a affirmé le ministre lors de la séance des questions d’actualité au gouvernement, à l’Assemblée nationale.

« Si c’est Homs qui se confirme, et il semble que ce soit le cas, ce n’est pas sur Daesh qu’ils ont frappé, c’est sans doute sur les groupes d’opposition, ce qui confirme qu’ils sont davantage dans le soutien au régime de Bachar que dans la lutte contre Daesh », a ajouté M. Le Drian. « Si on avait cette localisation, ça voudrait dire qu’ils sont plus voire exclusivement dans le soutien à Bachar al-Assad », a-t-il insisté.

Depuis New York, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, n’a pas dit autre chose. Il y a « des indications selon lesquelles les frappes russes n’ont pas visé Daesh », a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il « faudrait vérifier quels étaient les objectifs » des avions russes.

Chef de la Coalition nationale syrienne, basée en Turquie, et donc de l’opposition syrienne soutenue par les Occidentaux, Khaled Khoja a quant à lui affirmé que 36 civils ont été tués par les frappes russes.

« Tous les objectifs des frappes aériennes russes d’aujourd’hui, dans le nord de la province de Homs, ont été des civils », a-t-il dit, avant de préciser que « les zones visées par les opérations russes d’aujourd’hui étaient celles qui avaient combattu et battu l’EI voici un an ».

De son côté, le commandant de l’Armée syrienne libre, Djamil al Saleh, a indiqué que ce sont ses hommes qui ont été bombardés par les appareils russes. Notamment dans la province de Hama, où est installé son QG.

Par ailleurs, la diplomatie américain a confirmé une demande de Moscou visant à éloigner de l’espace aérien syrien les avions de combat de la coalition anti-EI emmenée par les États-Unis pendant les opérations aériennes russes. Une demande restée sans suite.

« Nous avons été clairs et le secrétaire d’Etat a été clair : cette démarche russe ne changera en aucune manière les missions des Etats-Unis ou de la coalition contre l’EI, les missions aériennes en particulier », a averti John Kirby, le porte-parole du département d’État. « La coalition conduite par les Etats-Unis poursuivra ses missions aériennes au-dessus de l’Irak et de la Syrie, comme prévu et en appui à nos opérations internationales pour affaiblir et détruire l’EI », a-t-il ajouté plus tard.

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