Pour l’Otan, la Russie installe une « bulle de protection » en Méditerranée orientale

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Alors que les forces russes y ont accru leur présence, en particulier sur la base al-Assad de Lattaquié, le président Poutine a exclu l’envoi de troupes au sol en Syrie pour combattre l’État islamique (EI ou Daesh), lors d’une conférence de presse donnée le 28 septembre, après son discours prononcé à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies.

« Nous réfléchissons à la manière d’aider davantage l’armée syrienne », a dit le chef du Kremlin. « Mais en ce qui concerne des troupes au sol, une implication russe ne peut pas faire l’objet de discussions », a-t-il ajouté.

Toutefois, M. Poutine n’a pas exclu d’éventuelles frappes aériennes russes. « Si nous devons agir, ce sera uniquement en respectant complètement les normes de droit international », a-t-il précisé… alors qu’il a justement critiqué les raids aériens effectués par la coalition anti-EI emmenée par les États-Unis au motif qu’ils sont inefficaces. « Nos militaires ont compté qu’en une journée, l’Amérique réalise 43 frappes. Mais avec quel résultat? », a-t-il ainsi demandé.

En tout cas, la Russie a déployé à Lattaquié des moyens qui lui permettent d’effectuer des frappes aériennes. Outre 4 avions polyvalents Su-30 SM, qui peuvent tout aussi bien mener des missions de supériorité aérienne que des raids, l’on compte ainsi 12 appareils d’attaque Su-25 « Frogfoot », autant de bombardiers Su-24 « Fencer » ainsi que des hélicoptères de combat Mi-24 Hind.

En outre, il a également été signalé l’arrivée de 6 bombardiers tactiques Su-34 Fullback dont la mise en service au sein des forces russes n’est que très récente. Ce dispositif est protégé par 500 soldats de l’infanterie de marine et quelques chars T-90. Qui plus, des systèmes de défense aérienne SA-22 Greyhound (Pantsir, voir photo) et SA-15 Gauntlet (TOR M1). Et cela a fait tiquer le général américain Philip Breedlove, le commandant suprême des forces de l’Otan en Europe (SACEUR).

« Je n’ai pas vu le groupe Etat islamique faire voler des avions » justifiant le déploiement « de missiles SA-15 ou SA-22 » ou de « chasseurs sophistiqués », a en effet lancé le général Breedlove, lors d’une intervention faite à Washington, devant le groupe de réflexion German Marshall Fund, le 28 septembre. « Ces équipements sophistiqués n’ont rien à voir avec le groupe Etat islamique », a-t-il insisté.

Cela étant, quand on installe une base aérienne, il serait étonnant de ne pas y déployer des moyens de défense sol-air, même si la menace est faible.

Quoi qu’il en soit, pour le chef militaire de l’Otan, le but de ce déploiement russe en Syrie est de créer une « bulle de protection » destinée à contrer toute attaque aérienne afin de soutenir le régime de Bachar el-Assad.

« Très haut sur l’agenda de Poutine et des Russes en Syrie, il y a protéger le régime d’Assad contre ses ennemis et tous ceux qui pourraient les aider », a poursuivi le général Breedlove.

« Nous sommes un peu inquiets de voir à terme les Russes créer une ‘bulle A2AD’ [ndlr, Anti-Access Area-Denial] au nord-est de la Méditerranée », a-t-il ajouté. Car cela est de nature à perturber les opérations aériennes dans ce secteur la zone.

Les Russes « ont déjà créé en Mer Noire ce genre de bulle A2/AD, anti-access, area denial, a encore rappelé le SACEUR, notamment grâce au déploiement de de batteries de missiles de défense aérienne en Crimée. « Ils utilisent également l’enclave  de Kaliningrad » pour faire la même chose « sur la mer Baltique », a-t-il aussi souligné.

Aussi, pour le général Breedlove, l’intention de Moscou est de « probablement » chercher à faire durer le régime de Bachar el-Assad car « c’est la porte légitime pour leurs ports et leurs bases aériennes en Syrie ». Et l’objectif des Russes serait ainsi de « ralentir l’avance des forces anti-Assad » avant de mener éventuellement quelques « actions contre l’EI pour légitimer leur approche ».

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