Du sursis pour les supérieurs d’un légionnaire décédé à Djibouti

Accusés de « violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner », l’ex-lieutenant M. B., un ex-sergent et deux ex-caporaux risquaient une peine de 20 ans de réclusion criminelle pour le décès du légionnaire Joszef Tvarusko (alias Matus Tallas) au cours d’un exercice à Djibouti, le 5 mai 2008.

Ce jour-là, une section du 2e Régiment Étranger de Parachutistes (REP) devait effectuer une marche vers un pic rocheux, dans le désert djiboutien. Ayant une réputation de tire au flanc au sein de son unité, le légionnaire Tallas éprouva des difficultés à avancer au point qu’il fut victime d’un coup de chaleur, après avoir reçu des coups pour le forcer à marcher et été privé d’eau malgré ses plaintes répétée par ses supérieurs.

Suite à cela, le lieutenant M. B., fraîchement sorti de Saint-Cyr au moment des faits ainsi que le sergent et les 2 caporaux ont été radiés des cadres en raison de leur comportement, jugé « contraire aux valeurs de l’armée de Terre ».

Lors du procès, ouvert le 17 septembre devant la cour d’assises de Paris, l’ex-lieutenant B. a reconnu une « faute de commandement » et dit regretter de ne pas s’être rendu compte de l’état de fatigue du légionnaire Tallas, étant alors persuadé qu’il « faisait encore son sketch » pour être évacué.

Son avocat, Me Alexandre Varaut, n’a pas manqué de souligner la part de responsabilité de la hiérarchie dans ce drame. « C’est le colonel qui décide de faire l’exercice entre 12 heures et 16 heures, c’est le capitaine qui décide de priver le lieutenant de son adjoint, le médecin qui a déclaré le légionnaire Talas apte alors qu’il était fatigué », a-t-il plaidé.

Le fait que l’ex-officier, alors inexpérimenté, n’ait pas eu à ses côtés son sous-officier adjoint (SOA), a dû jouer. Lors des débats, un psychiate a en effet expliqué le jeune lieutenant « a en quelque sorte surjoué son rôle de chef, face à des subordonnés plus aguerris que lui ».

Quoi qu’il en soit, à l’heure du réquisitoire, l’avocat général, Mme  Maryvonne Caillibotte, a estimé que la culpabilité des 4 accusés (deux d’entre-eux étant jugés par contumace) ne faisait aucun doute, avant d’estimer que leur place n’était pas en prison.

« Ne les diabolisez pas », a demandé l’avocat général aux jurés. Car « ce jour-là, ils n’ont pas regardé » le légionnaire Tallas « au sens propre » mais « regardé la mission qu’ils avaient à accomplir ». Et de requérir des peines de 4 à 5 ans de prison avec sursis étant donné que les 4 accusés ne présentent aucune menace et qu’ils ont « reconnu leur responsabilité ».

Finalement, les jurés ont suivi l’avocat général. En effet, l’ex-lieutenant M. B. a été condamné à une peine de 4 ans de prison avec sursis tandis que ses 3 subordonnés ont pris chacun deux ans avec sursis.

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