L’Australie appelle Pékin à « ne pas pousser le bouchon trop loin » en mer de Chine méridionale

En construisant des polders et en aménageant des pistes d’aviation sur des îlots des archipels Spratleys et Paracel en mer de Chine méridoniale, Pékin accroît son emprise sur cette partie du monde, également revendiquée par le Vietnam, les Philippines, Bruneï, Taïwan et la Malaisie.

Cet intérêt chinois pour ces archipels s’explique par leur position géographique : ils sont situés à un carrefours de routes maritimes essentielles pour le commerce mondial. En outre, leurs fonds sont potentiellement riches en hydrocarbures tandis que leurs eaux recèlent d’importantes ressources halieutiques. Cela en fait un « point chaud », voire une « zone probable de conflit », selon le Centre d’études supérieurs de la Marine nationale (CESM).

Quoi qu’il en soit, les travaux menés par la Chine sur 5 îlots de ces archipels sont la cible de critiques régulières de la part des États-Unis mais aussi de celle des pays voisins concernés, qui redoutent un coup de force de Pékin et d’être mis devant le fait accompli.

En août, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi avait assuré que les travaux de remblaiement dans cette zone avaient cessé. Sauf qu’il n’en a rien été d’après des photos satellites prises quelques jours plus tard et diffusées par le Center for Strategic and International Studies (CSIS).

Dans une étude publiée le 15 septembre, ce dernier a indiqué que l’aménagement d’une piste d’aviation longue de 3.000 mètres sur le récif de Fiery Cross est maintenant « très avancé » et que deux autres sont en cours de construction sur ceux de Mischief et de Subi.

« Une troisième piste d’atterrissage sur le récif Mischief (…) compléterait le triangle, et augmenterait considérablement les capacités de l’aviation chinoise sur les eaux disputées des Spratleys », a expliqué Gregory Poling, du CSIS.

« Je veux réitérer que les îles Nansha (nom de l’archipel des Spratleys pour la Chine) font partie du territoire chinois. (…) Il est totalement compréhensible que la Chine défende sa souveraineté territoriale et empêche les violations de ses intérêts légitimes », a réagi, au lendemain de la publication de cette étude, le même Wang Yi. Point final!

Le nouveau Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, qui a  écarté son rival et prédécesseur, Tony Abbott, lors d’un « putsch » interne au sein du Parti libéral, n’y est pas allé par quatre chemins pour dire tout le mal qu’il pensait de l’attitude chinoise.

« Il y a clairement des tensions autour des îles de mer de Chine méridionale, des récifs, des hauts-fonds », a d’abord souligné M. Turnbull, lors de l’une de ses premières sorties médiatiques en tant que chef du gouvernement, le 21 septembre. Et « la Chine serait mieux inspirée, et franchement dans son propre intérêt, de ne pas pousser le bouchon trop loin là-bas », a-t-il lancé.

« Ce dont il faut s’assurer, c’est que l’émergence de la Chine (…) ait lieu d’une façon qui ne perturbe pas la sécurité et l’harmonie relative de la région dont dépend la prospérité chinoise », a continué le nouveau Premier ministre australien. « Cela nécessite une diplomatie prudente, un sens de l’équilibre », a-t-il ajouté.

Enfin, s’agissant des travaux effectués par Pékin sur les récifs des archipels Spratleys et Paracel, M. Turnbull a estimé qu’ils ont « poussé les petits pays de cette zone à se tourner encore plus qu’avant vers les États-Unis ». Et de citer l’exemple du Vietnam, qui, malgré des « divergences historiques », cherche désormais un appui américain.

Cela étant, la Chine est importante pour l’économie australienne dans la mesure où elle est la destination principale de ses exportations (70,4 milliards d’euros en 2013). Au point que Canberra et Pékin ont convenu d’un accord de libre échange en novembre 2014.

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