Le ministre belge de la Défense n’exclut pas d’envoyer des troupes pour une intervention en Syrie

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Comme le quotidien « Le Parisien » la semaine passée, le Journal du Dimanche a publié un sondage réalisé par l’IFOP au sujet d’une option qui, pour le moment du moins, n’est pas sur la table.

Ainsi, selon cette nouvelle étude d’opinion, 56% des personnes interrogées se disent favorables à une intervention terrestre internationale contre l’organisation État islamique (EI ou Daesh) en Syrie impliquant les forces françaises. Ce qui va dans le même sens du sondage publié par Le Parisien, le 6 septembre dernier, même si l’adhésion à une telle éventualité est légèrement moins forte.

Cela étant, hormis quelques rares voix dans la classe politique, dont celle de Bruno Le Maire (Les Républicains), personne n’envisage l’envoi de forces terrestres françaises en Syrie pour combattre l’EI. Lors de sa conférence de presse semestrielle, le président Hollande a estimé que ce serait « inconséquent et irréaliste » parce que « nous serions les seuls, parce que ce serait transformer une opération en force d’occupation ».

Son prédecesseur à l’Élysée, Nicolas Sarkozy, ne parle pas non plus de déployer des troupes au sol comme on l’a vu au Mali mais d’envoyer des « experts », c’est à dire équipes JTAC (Joint terminal attack controller) pour guider les frappes aériennes.

« Le débat n’est pas entre aviation ou forces au sol. D’abord parce que l’aviation, sans experts au sol, est aveugle. Ils sont nécessaires pour prendre les coordonnées GPS des cibles, ce qui évite les dommages collatéraux. Donc, dire ‘on peut envoyer des avions mais personne au sol’ est un mensonge », a ainsi affirmé l’ancien président.

Pour Alain Juppé, qui admet l’efficacité « limitée » des frappes aériennes dans la campagne contre Daesh dans la mesure où elle ont « permis tout juste de stabiliser la situation et pas réellement de faire reculer » l’organisation jihadiste, il revient aux forces régionales (pays arabes et Turquie)  de « faire le job ». Car sinon, « nous risquons, si nous nous engageons dans cette voie, de nous mettre dans un guêpier de même nature que celui que la coalition internationale a connu en Afghanistan, ou les Américains avec leurs alliés en Irak », a-t-il expliqué.

Pour autant, tout le monde n’est pas sur cette ligne si l’on en juge par les propos tenus ces derniers jours par Steven Vandeput, le ministre belge de la Défense.

Avant, le 11 septembre, à l’issue d’une réunion gouvernementale ayant la crise migratoire au menu, Charles Michel, le Premier ministre d’outre-Quiévrain, a d’abord déclaré que, au sujet de la Syrie, « toutes les pistes diplomatiques étaient pour l’instant évoquées et explorées au niveau international mais qu’une intervention militaire, à laquelle pourrait participer la Belgique, n’est pas exclue ».

Puis, plus tard, M. Vandeput est allé encore plus loin. S’agissant des opérations aériennes dans le nord de l’Irak, auxquelles la force aérienne belge a cessé temporairement de participer avec 6 avions F-16 depuis juillet en raison des contraintes budgétaires, il a affirmé que la Belgique ne pourrait pas rester « à l’écart » si « une coalition similaire se met en place pour la Syrie ».

Mieux même : dans cet entretien accordé au quotidien De Morgen, M. Vandeput a fait valoir que le déploiement de forces terrestres en Syrie était nécessaire.

« Il n’y a pas d’autres solutions, à terme, que de déployer des troupes pour rétablir la paix. Autrement, une action militaire n’a que peu de sens (…) Il faut d’abord rétablir le calme en Syrie, et ensuite rester sur place pour le protéger », a-t-il estimé en faisant une référence à la situation en Libye. Et d’ajouter : « Les soldats belges avec qui je parle sont prêts. Nous n’allons pas jouer les Rambo, mais s’il y a des conditions claires, je suis prêt à envoyer des troupes au sol en Syrie ».

Pour autant, il ne serait pas question d’envoyer les soldats belges en premier rideau. « Nous ne sommes plus équipés pour cela », a expliqué M. Vandeput, qui voit plutôt un rôle pour une « deuxième phase » (c’est à dire de stabilisation) pour laquelle les forces belges « sont parfaitement formées ». Quant au risque de pertes humaines, il les assume. « Depuis la mission au Rwanda, nous avons été épargnés par les grands accidents. Il se peut que quelque chose se produise pendant ma législature. C’est une dure réalité. Il ne se passe pas un jour sans que j’y pense », a-t-il dit.

Sollicité par le Journal du Dimanche, le colonel Michel Goya voit au moins deux types d’interventions terrestres possibles : une qui serait calquée sur le modèle de l’opération Desert Storm, menée pour libérer le Koweït avec une force multinationale de plusieurs centaines de milliers d’hommes, une autre inspirée de ce qui a été fait en Libye, c’est à dire avec des frappes aériennes en appui de troupes locales. Mais, pour le cas de la Syrie et de l’Irak, la « difficulté de ce scénario tient au fait que les forces locales au sol ne sont pas fiables et ont leurs propres objectifs », a-t-il expliqué.

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