Une étude de l’US Marine Corps sur les performances des femmes au combat fait polémique

Alors que deux femmes officiers viennent, pour la première fois, de réussir le très exigeant stage de la Ranger School, l’US Marine Corps (USMC) a mené une étude très poussée sur les performances des personnels féminins au combat et les a comparées avec celles des personnels masculins.

Cette étude, d’un millier de pages, a été menée pendant 9 mois, au sein d’une unité mixte de l’USMC, la Ground Combat Element Integrated Task Force, créée pour l’occasion avec 400 Marines, dont 100 femmes.

Suite à la décision prise par Leon Panetta, en janvier 2013, d’autoriser les femmes à servir dans des spécialités de contact, comme l’infanterie, il avait été demandé aux composantes des forces armées américaines de chercher les moyens pour intégrer les personnels féminins dans les unités de combat.

D’où la raison d’être de cette étude dont les résultats peuvent être déterminants pour la suite. « La politique du Pentagone est que tous les postes de combatseront ouverts aux femmes, sauf si une analyse rigoureuse de données factuelles montrent que ces postes doivent leur rester fermés », a en effet déclaré Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense, le mois dernier.

Seulement, les résultats de cette étude, qui est « sans précédent », selon le colonel des Marines Anne Weinberg, sont visiblement sans appel. Ainsi, il a été constaté que les sections d’infanterie exclusivement masculines sont plus performantes que celles comprenant des hommes et des femmes pour 93 des 134 tâches évaluées (69%).

Les premières seraient ainsi plus mobiles et plus rapides pour exécuter des mouvements tactiques en situation de combat, surtout quand il est question de manoeuvrer avec des mitrailleuses lourdes et des mortiers. Et elle seraient également plus précises au tir, quelles que soient les armes utilisées (fusil M27, carabine M4, lance-grenades), et plus efficaces quand il s’agit d’évacuer un blessé. Et encore, la différence avec les unités mixtes a été réduite quand ce sont des hommes affectés à ces dernières qui ont porté les blessés sur leur dos.

Sur le plan physiologique, là encore, l’étude a noté des différences notables. Comme l’on pouvait s’y attendre, les performances « sportives » des femmes sont en moyenne moins élevées que celles des hommes, qui ont une puissance anaérobie et musculaire plus élevée.

Par exemple, losqu’il s’agit de franchir un obstacle, les hommes ont jeté leurs sacs au sommet du mur tandis que les femmes ont souvent eu besoin d’une aide pour faire la même chose.

Et, pour des raisons morphologiques, les blessures sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes. Il en a effet été constaté un taux de 40,5% de blessures musculo-squelettiques pour les premières, contre 18,8% pour les seconds.

Seulement, Ces résultats ont été contestés par Ray Mabus, le secrétaire à la Marine au Pentagone, et donc en charge de l’USMC. « À la source de cette étude, il y a un groupe d’hommes pensant que ce n’est pas une bonne idée d’ouvrir les postes de combat aux femmes », a-t-il accusé. « Quand vous commencez avec cet état d’esprit, vous êtes déjà presque en train de présupposer le résultat », a-t-il ajouté.

« Une partie de l’étude affirme qu’il faut craindre que, parce que les femmes sont plus fréquemment blessées, elles craqueront plus. Que nous perdrons à terme notre efficacité au combat », a encore poursuivi M. Mabus. « Mais ce n’est qu’une extrapolation basée sur des taux de blessures et je ne suis pas sûr que ce soit exact », a-t-il estimé.

Le colonel Weinberg, qui a mis en garde contre des conclusions trop hâtives, a toutefois affirmé qu’une meilleure formation et une sélection plus appronfondie permettraient d’améliorer les performances des femmes au sein des unités d’infanterie de l’USMC.

Car celles et ceux qui remettent en cause l’étude en question déplorent que les personnels féminins évalués aient été issus d’unités non combattantes et que leurs tests d’aptitude physique n’avaient pas été aussi exigeants que pour les hommes. En clair, pour eux, les résultats auraient été différents avec une sélection plus sévère et une meilleur préparation physique.

Cependant, quand l’USMC a ouvert son cours d’officier d’infanterie aux femmes, en 2012, aucune des 29 candidates n’avait pu terminer le cursus, principalement en raison d’échecs aux tests d’endurance. Dans le même temps, 71% des hommes de la même promotion ont réussi.

Les résultats sont meilleurs pour les militaires du rangs. Sur les 401 femmes volontaires ayant suivi une formation d’infanterie à Camp Geiger, 144 sont allées au bout (36%). Par comparaison, 5.448 hommes sur 5.503 ont réussi (99%).

En revanche, le taux de réussite pour les femmes « Marines » sont nettement plus élevés pour d’autres spécialités, comme l’artillerie (86%), où elle font jeu égal avec les hommes, et l’équivalent de l’arme blindée cavalerie (71%).

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