La Russie confirme avoir envoyé des « experts militaires » en Syrie

an124-20150909

Cela fait quelques jours qu’une présence militaire russe en Syrie est évoquée. Les États-Unis ont dit vérifier les rumeurs qui circulent actuellement à ce sujet et, 5 septembre le chef de la diplomatie américaine John Kerryn a fait part d’un « risque d’escalade » du conflit syrien dans le cas où la Russie s’engagerait militairement aux côtés du régime de Bachar el-Assad.

En effet, des soupçons sur une présence militaire russe accrue en Syrie sont alimentés par des photographies de soldats postées sur les réseaux sociaux, dont  VKontakte, ou encore des vidéos de combats, filmées dans les environs de Lattaquié – un fief de la minorité Alaouite dont est issu le clan Assad – et dans lesquelles des ordres auraient été lancés en russe.

Pour autant, la semaine dernière, la président Poutine avait affirmé qu’une intervention militaire russe en Syrie n’était « pas au programme » mais que « diverses options » étaient toutefois envisagées. « Nous fournissons déjà à la Syrie une aide assez sérieuse en équipement militaire, en formation de leurs troupes que nous armons », avait-il ajouté, sans plus de précision.

Le 7 septembre, Moscou n’a pas plus livré davantage de détails sur ses activités en affirmant n’avoir « jamais caché livrer des équipements militaires aux autorités syriennes pour lutter contre le terrorisme » alors que l’on apprenait, dans le même temps, que les États-Unis venaient de demander à la Grèce et à la Bulgarie de fermer leurs espace aérien à des avions russes devant se rendre en Syrie.

Cependant, et selon des responsables américains, trois avions de transport militaire russes, dont un avec vraisemblablement des passagers à son bord, ont atterri, ces dernier jours, sur un aéroport de la région de Lattaquié, où cette même source a indiqué que des « bâtiments provisoires » susceptibles d’abriter « des centaines de personnes » ont été érigés et que des équipements aéroportuaires y ont été mis en place. En clair, il est probable que la Russie soit en train d’y installer une « base aérienne avancée ».

En outre, au sud de Lattaquié, la marine russe dispose d’une base navale à Tartous, ville portuaire située à environ 160 kilomètres au nord-ouest de Damas et à 30 kilomètres au nord de la frontière libanaise. Et il est rapporté – mais on est encore dans le registre de la rumeur – que les effectifs militaires y ont récemment augmenté.

En tout cas, il est fort probable que cette base ait été la destination de plusieurs navires russes de la Flotte de la mer Noire ayant franchi le détroit du Bosphore ces derniers temps. Or, certains d’entre eux, comme le « Nikolai Filchenkov » ont été photographié avec, sur leur pont, des véhicules blindés.

Face à ces éléments, le ministère russe des Affaires étrangères a fini par lâcher que la Russie avait bel envoyé des « experts militaires » sur le terrain, en Syrie. Ils sont présents « pour fournir des conseils sur l’utilisation d’armes livrées » aux forces syriennes par Moscou, a expliqué une porte-parole, ce 9 septembre, avant d’ajouter que « d’autres mesures » pourraient être prise « si elles s’avéraient nécessaires pour combattre le terrorisme ».

Cette aide est fournie aux forces syriennes alors que ces dernières subissent revers sur revers, notamment dans la province d’Idleb, face au Front al-Nosra, lié à al-Qaïda et à ses alliés islamistes. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), elles viennent de perdre la base d’Abou Douhour, la dernière base qu’elles contrôlaient dans cette région. L’information a été confirmée plus tard par la télévision d’État syrienne.

Ainsi, la présence des autorités de Damas dans la province d’Idled se limite maintenant à seulement deux villages chiites (Foua et Kafraya), par ailleurs défendus par des miliciens libanais du Hezbollah.

Désormais, la menace d’une attaque contre la province de Lattaquié est de plus en plus forte. C’est ce qui explique probablement l’installation par les Russes d’une « base aérienne avancée » ainsi que l’arrivée massive, au début de l’été, de combattants chiites venus d’Irak, d’Iran, du Liban et même d’Afghanistan.

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