Ceux de 14 (11) : « À Pégoud, mort en héros pour sa Patrie »

pegoud-20150906Le 6 septembre 1915, l’Aviatik du caporal Otto, Kandulski et du lieutenant Von Bilitz, survole la commune de Petit-Croix, à l’est de Belfort avant de lâcher une couronne de lauriers portant la mention « À Pégoud, mort en héros pour sa Patrie ».

Une semaine plus tôt, le 31 août précisément, lors d’un combat aérien ayant eu lieu exactement au même endroit, à 2.000 mètres d’altitude,  les deux hommes avaient abattu un Morane-Saulnier type L de l’escadrille MS-49. Ils ne savaient alors pas que le sous-lieutenant Adolphe Célestin Pégoud, une figure de l’aviation d’avant-guerre était aux commandes…

Né le 13 juin 1889 à Montferrat (Isère) dans une famille de cultivateurs, Adolphe Pégoud a soif d’aventure. À 18 ans, il s’engage pour 5 ans dans l’armée. D’abord affecté au 5e Régiment de Chasseurs d’Afrique, avec lequel il va connaître le Maroc et l’Algérie, il est muté, à son retour en Métropole, au 12e Régiment de Hussards, avant de rejoindre le 3e Régiment d’Artillerie coloniale, où il fera une rencontre décisive en la personne du capitaine Louis Carlin, un féru d’aviation.

L’officier va transmettre le « virus » au jeune Pégoud, qui fait son baptême de l’air à Satory, près de Versailles, en 1911. Rendu à la vie civile, il va s’employer à décrocher son brevet de pilote. Ce qui sera fait le 1er mars 1913.

Quelques jours plus tard, il est embauché par Louis Blériot en qualité de pilote d’essai. C’est le début d’une longue liste d’exploits jamais réussis auparavant. Ainsi, en août de la même année, Adolphe Pégoud est le premier à sauter en parachute depuis un avion (pour la cause, un Blériot IX est sacrifié). Mais à cette occasion, voyant les évolutions de l’appareil qu’il venait d’abandonner, il a l’idée de tenter de les reproduire.

Sans tarder, le 1er septembre, Pégoud met son avion sur le dos et effectue ainsi le premier vol de l’histoire « tête en bas » sur 400 mètres. Il réédite cette manoeuvre le lendemain, cette fois sur 700 mètres. Le 21, l’aviateur tente et réussit une nouvelle figure : après quelques acrobaties, il « boucle la boucle », c’est à dire un looping. A-t-il été le premier à faire cette manoeuvre? Sans doute pas : le russe Pyotr Nesterov lui aurait grillé la politesse, quelques jours plus tôt.

Quoi qu’il en soit, avec ce looping, Pégoud est assailli par la presse et ses exhibitions aériennes sont suivies massivement suivie par la foule, que ce soit en France et en Europe.

Seulement, la Première Guerre Mondiale éclate. Mobilisé en août 1914 et affecté à l’escadrille HF 7, Pégoud ne ne tarde pas à s’illustrer : il obtient sa première citation à l’ordre de l’armée en octobre pour avoir mené une mission de reconnaissance pour le moins mouvementée. « Soldat Aviateur Réserviste : se dépensant sans compter, a fait preuve, depuis le début de la campagne, de qualités exceptionnelles de hardiesse et de sang froid, particulièrement au cours d’une mission. A eu par trois fois son avion criblé de projectiles », dit le texte.

Promu sergent, Adolphe Pégoud va obtenir ses deux premières victoires aériennes le 5 février 1915, ce qui lui vaudra la Médaille Militaire pour cet exploit. Après avoir abattu un monoplan ennemi, il s’était lancé à la poursuite de deux biplans avant de provoquer la chute du premier et de forcer le second à se poser dans les lignes françaises.

En avril, Pégoud est affecté à l’escadrille MS49, à Belfort. Et il est le premier à accéder au statut d’As pour avoir envoyé au tapis 5 avions ennemis. En juillet, il ajoute une 6e victoire à son palmarès, après avoir abattu un Aviatik dans les environs d’Altkirch.

Le 31 août, fraîchement promu sous-lieutenant, Pégoud s’envole pour ce qui sera sa dernière mission. Sa peluche fétiche – un pingouin qu’il emmenait toujours avec lui – ne lui aura pas permis d’éviter un sort tragique. Il sera atteint par une balle tirée depuis l’Aviatik de Kandulski et de Von Bilitz.

Trois jours plus tôt, Adolphe Pégoud venait de se voir attribuer la Légion d’Honneur, avec cette citation :

« Sous-lieutenant de Réserve à l’escadrille MS.49, d’un entrain et d’une bravoure au-dessus de tout éloge, aussi modeste qu’habile pilote, n’a pas cessé, depuis le début de la campagne, de mettre ses merveilleuses aptitudes au service de son pays. Accumulant journellement les traits de courage et d’audace, n’en est plus à compter les combats qu’il a engagés seul à bord contre des avions puissamment armés. Le 28 août, au cours d’un duel aérien, a eu son avion criblé de balles. Obligé d’atterrir, a pris aussitôt toutes les dispositions pour sauver son appareil, malgré un feu intense des batteries allemandes ».

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