Une intervention militaire russe en Syrie « n’est pas au programme », selon M. Poutine

Depuis plusieurs jours, il est fait état de la présence de pilotes militaires russes engagés auprès des forces syriennes pour combattre l’État islamique (EI ou Daesh) et les rebelles anti-Assad. Et il est même question de l’envoi, par Moscou, de forces terrestres.

Plusieurs éléments et observations ont été avancés pour justifier cette rumeur, comme la récente visite à Moscou du général iranien Souleymani, chef de la force al-Qods, l’unité chargés des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution. Ce déplacement aurait été effectué en vue de coordonner des actions en Syrie, où l’Iran soutient activement le régime de Bachar el-Assad. Mais, encore une fois, il ne s’agit de pure spéculation.

Parmi les observations rapportées, il a été dit qu’un navire de débarquement appartenant à la Flotte russe de la Mer noire – le Nikolai Filchenkov – a été vu passer le détroit du Bosphore avec des véhicules blindés sur son pont.

Plus récemment encore, des photographies montrant des avions d’attaque Su-34 et de supériorité aérienne Su-27 et MiG-29 ainsi que des drones Pchela 1T ont circulé via les réseaux sociaux, avec l’affirmation selon laquelle ces appareils évoluaient dans la région d’Idleb, fief du Front al-Nosra, lié à al-Qaïda. Ce qui est impossible à confirmer…

Aussi, Washington a indiqué, le 3 septembre, vérifier ces rumeurs au sujet de troupes russes engagées en Syrie avant d’avertir que si elles sont fondées, cela serait « à la fois déstabilisant et contre-productif ».

Toutefois, une source militaire a démenti auprès de la chaîne Russia Today la présence d’avions de combat appartenant à l’aviation russe en Syrie. D’ailleurs, le 4 août, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait bien souligné qu’une participation militaire de la Russie au conflit syrien « n’était pas à l’ordre du jour ». Mais peut-être le sera-t-elle à l’avenir…

Interrogé sur ce sujet en marge d’un forum économique à Vladivostok, le président russe, Vladimir Poutine, a dit envisager « diverses options » mais celle d’une intervention militaire de la Russie « n’est pas au programme ».

« Il est prématuré de dire que nous sommes prêts à y aller là, tout de suite », a affirmé M. Poutine. « Nous fournissons déjà à la Syrie une aide assez sérieuse en équipement militaire, en formation de leurs troupes que nous armons », a-t-il aussi fait valoir, sans donner plus de précision sur l’éventuelle présence d’instructeurs russes aux côtés des forces syriennes.

Le président Poutine s’exprimait sur ce sujet alors que l’État islamique venait de revendiquer sa première attaque contre une caserne située à Magharamakint (Daghestan). Et cela alors que l’état-major de l’Émirat islamique du Caucase, lié à al-Qaïda, a récemment été démantelé par les forces spéciales russes.

Depuis quelques temps, le nombre d’attentats a baissé dans le Caucase. Le quotidien indépendant Novaya Gazeta a accusé le FSB (service de sécurité intérieur) de laisser volontairement partir les candidats au jihad en Syrie selon un calcul simple : plus de terroristes vont se battre à l’étranger, moins il y en a pour commettre des attaques en Russie.

« Il est évident que les organismes de sécurité sont fiers du fait que le nombre de victimes d’affrontements armés entre forces de sécurité et les insurgés a diminué très significativement d’environ 50 pour cent. Les fonctionnaires attribuent cette réussite au gouvernement. En réalité, il semble que la baisse provient du fait que tous les combattants compétents et agressifs ne se battent plus au Daghestan, mais en Syrie, dans les rangs de l’EI », a expliqué Tanya Lokshina, de l’ONG Human Rights Watch. Visiblement, ce n’est plus le cas.

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