Le Japon a lancé la construction d’un second porte-hélicoptères de la classe Izumo

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À peine 6 mois après la mise en service du porte-hélicoptères Izumo, le plus grand navire jamais construit au Japon depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, un second bâtiment de ce type, appelé Kaga, a été mis à l’eau, le 27 août, au chantier naval Japan Marine United Corporation, à Yokohama.

Plus imposant que le Bâtiment de projection et de commandement (BPC) de classe Mistral, ce navire est long de 248 mètres pour un déplacement de 27.000 tonnes. Il est en mesure d’emporter 14 hélicoptères voire, dit-on, des avions F-35B (décollage court et atterrissage vertical). Mais il n’est pas dans les plans de Tokyo d’acquérir – du moins pour le moment – cette version de l’appareil développé par Lockheed-Martin. Seul des F-35A ont été commandés pour les besoins de ses forces aériennes d’autodéfense.

À proprement parler, ce type de navire n’est pas bâtiment amphibie comme l’est le BPC français dans la mesure où il ne dispose pas de radier et ne peut donc pas débarquer des troupes. En revanche, avec son équipage de 470 marins, ses missions concernent la lutte anti-sous-marine et l’assaut aéroporté, grâce aux V-22 Ospreys qu’il embarquera. Il est équipé d’un sonar OQQ-22 et de deux lanceurs Raytheon RIM-116 Rolling Airframe Missile SeaRAM.

Pour le ministère japonais de la Défense, ces porte-hélicoptères sont appelés « à jouer un rôle essentiel tant en matière de défense de la souveraineté territoriale que de protection des voies maritimes, ainsi qu’en cas de désastres et catastrophes naturelles ». Mais côté chinois, on s’en inquiète alors que Pékin consacre 3 à 4 fois plus d’argent à ses forces armées que Tokyo.

Outre la rhétorique habituelle sur les capacités militaires japonaises et les ambitions prêtées à Tokyo, les critiques chinoises portent aussi sur le symbole que représente ces navires. Et c’est une donnée qu’il ne faut jamais sous-estimer. La preuve : une photographie montrant le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, prendre la pose à côté d’un avion d’entraînement Kawasaki T-4 portant le numéro 731 avait déclenché une polémique. Et pour cause : certains y virent une référence à l’unité 731 qui, basée dans le nord-est de la Chine jusqu’en 1945, mena des expériences sur des cobayes humains.

Le choix d’appeler un porte-hélicoptères « Izumo » fut aussi une source de critiques à Pékin, qui y voyait une référence à un navire ayant pris part à la guerre sino-japonaise dans les années 1930 alors qu’il s’agissait du nom d’une ancienne province japonaise.

Même chose pour le second navire qui vient d’être mis à l’eau à Okinawa : les responsables japonais ont en effet décidé de le baptiser « Kaga ». Or, un porte-avions de la marine impériale japonaise ayant porté ce nom a été impliqué dans les bombardements de Shangaï et de Nankin en 1937, avant de participer à l’attaque de Pearl Harbor et d’être coulé lors de la bataille de Midway.

« Si le Japon veut vraiment nommer son deuxième destroyer porte-hélicoptères Kaga, il doit convaincre la Chine par la voie diplomatique qu’il poursuit une tradition navale au lieu de chercher à raviver de vieilles blessures », a estimé le quotidien Global Times, proche du pouvoir à Pékin.

Photo :  JS Izumo (DDH-183) par Dragoner JP – Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

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