Pour le chef du Pentagone, la Turquie doit en faire plus contre l’État islamique

Le 24 juillet, suite à l’attentat contre des militants kurdes commis à Suruç et à un échange de tirs avec des jihadistes à la frontière syrienne, la Turquie a mené des frappes aériennes contre l’organisation État islamique (EI ou Daesh) en Syrie.

Et cela a été considéré comme un tournant de la part d’Ankara, d’autant plus que, dans le même temps, le gouvernement turc a donné son feu vert à Washington pour que la base aérienne d’Incirlik puisse finalement être utilisée par les avions de combats américains engagés dans la coalition anti-EI.

Sauf que, depuis, plus aucune frappe aérienne turque contre l’EI n’a été recensée. En revanche, on ne compte plus celles effectuées contre les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), repliés en partie dans le nord de l’Irak.

En effet, pour les rebelles kurdes, Ankara porte la responsabilité de l’attentat de Suruç, lequel n’a toujours pas été revendiqué officiellement par l’EI alors qu’il lui a été attribué par les autorités turques. D’où leurs attaques contre les forces de sécurité… Attaques qui ont justifié les frappes aériennes contre le PKK

Mais cette reprise des opérations turques contre le mouvement kurde a, a priori, surpris, voire même choqué, des responsables militaires américains de la coalition internationale anti-EI. L’un d’eux s’en est expliqué lors d’un reportage de Fox News.

« Un officier turc est venu au CAOC (Combined Air Operations Center), et a annoncé que les frappes allaient commencer dans 10 minutes et qu’il fallait dérouter les avions de la coalition au sud de Mossoul immédiatement », a-t-il dit. « Nous étions scandalisés », a-t-il confié.

En outre, l’armée turque a demandé la localisation exacte des instructeurs militaires de la coalition engagés auprès des peshmergas (combattants kurdes) dans le nord de l’Irak. Une exigence qui, a priori, n’a pas été satisfaite.

Quoi qu’il en soit, cela fait bientôt un mois que les premières et dernières frappes turques contre l’EI ont eu lieu. « Nous avons fait une pause après le début de notre offensive, les Américains nous ayant demandé d’attendre pour coordonner les objectifs », a expliqué, le 12 août, un responsable turc, sous le couvert de l’anonymant… Est-ce la vraie raison?

En tout cas, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, s’impatiente. Et il l’a fait savoir, le 20 août, en y mettant les formes. Ainsi, pour lui, Ankara « doit en faire davantage » dans la lutte contre l’EI, même s’il a dit penser que les « Turcs ne traînaient pas les pieds ».

« Leurs dirigeants ont indiqué que cela devait être fait. Cela fait déjà trop longtemps, parce que cette campagne a débuté il y a un an, mais ils donnent désormais les signes d’un effort considérable, notamment en nous autorisant à utiliser leurs bases aériennes. C’est important, mais cela ne suffit pas », a ainsi affirmé Ashton Carter.

« Nous avons besoin [de la Turquie] car c’est un allié de longue date de l’Otan, voisin de cette zone de conflit », a ajouté le patron du Pentagone. Or, la surveillance de la frontière entre la Turquie et la Syrie est cruciale car c’est par elle que transitent le soutien logistique et les combattants de l’EI. « Nous attendons donc (des Turcs) qu’ils en fassent plus à cet égard et nous sommes en discussions actives avec eux sur ce sujet », a déclaré M. Carter.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]