Les talibans afghans ont un nouveau chef

La rumeur n’en était finalement pas une : le mouvement taleb afghan a en effet confirmé, le 30 juillet, la mort du mollah Omar, son fondateur et chef suprême depuis les années 1990.

Cependant, des zones d’ombre subsistent autour des circonstances de ce décès étant donné que les taliban n’ont pas précisé quand et où il a eu lieu, si ce n’est qu’il a été causé par une « maladie » et que la santé du mollah Omar s’était détériorée il y a « deux semaines ».

La veille, suite à une information diffusée par la BBC, le gouvernement afghan avait affirmé que le mollah Omar s’était éteint dans un hôpital de Karachi, au Pakistan, où il fut admis en avril 2013.

Dans son communiqué, le mouvement taleb a assuré que son défunt chef n’a « pas passé une journée » sur le territoire pakistanais, alors qu’il avait été maintes fois rapportés qu’il s’était réfugié à Quetta, au Balouchistan. D’ailleurs, il était même question de la « choura de Quetta » quand il s’agissait de qualifier l’état-major des insurgés afghans…

Il est probable que les talibans aient cherché à cacher la mort du mollah Omar, alors qu’il est question de négociations de paix avec Kaboul. D’où cette impression qu’ils ont été pris de court par l’information donnée par la BBC et confirmée par le gouvernement afghan.

Quoi qu’il en soit, le mollah Omar a un successeur. En effet, via un communiqué diffusé ce 31 juillet, le mouvement taleb a annoncé la nomination, à sa tête, du mollah Akhtar Mansour.

« Après la mort (du mollah Omar), le conseil de direction et des dignitaires musulmans de tout le pays ont nommé son proche ami et ancien bras droit le mollah Akhtar Mansour à leur tête », est-il écrit dans ce texte, publié sur le site Internet du mouvement taleb afghan.

Le choix paraît logique dans la mesure où cet ancien ministre de l’Aviation et des Transports du gouvernement taleb (nommé à ce poste car il fut… agent de sécurité à l’aéroport de Kandahar), était devenu le bras droit du mollah Omar après l’arrestation du mollah Baradar, en 2010, dans des conditions troubles.

Au seuil de la cinquantaine, le mollah Mansour passe pour être quelqu’un de pragmatique. En outre, favorable aux pourparlers de paux, dit-on, il aurait le soutien de nombreux chefs taliban même si sa désignation a donné lieu à d’intenses débat au sein de l’appareil taleb.

Détail qui laisse à penser que le mollah Omar serait décédé depuis plus longtemps que ne l’ont dit les taliban, c’est le mollah Mansour qui a signé, en juin, la lettre exhortant Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique (EI), de ne pas venir marcher sur les plates-bandes des taliban en Afghanistan.

Par ailleurs, le nouveau chef du mouvement taleb afghan aura deux adjoints : le mollah Haibatullah Akhundzada, ancien chef des tribunaux islamiques et Sirajuddin Haqqani, qui dirige le réseau du même nom fondé par son père, Jalaluddin Haqqani, et responsable de nombreuses attaques contre l’Otan et les forces de sécurité afghane, notamment dans l’est de l’Afghanistan.

D’ailleurs, le réseau Haqqani, proche d’al-Qaïda, est placé sur la liste des organisations terroristes et la tête de son chef a été mise à prix pour 10 millions de dollars par Washington… soit autant que pour le mollah Omar.

La nouvelle direction des taliban aura à mener les pourparlers de paix entamés à Murree (Pakistan) au début du mois et surtout à contrer l’influence grandissante de l’État islamique en Afghanistan.

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