Des rebelles syriens entraînés par les États-Unis ont été capturés par les jihadistes du Front al-Nosra

Voilà une information qui va entretenir le doute, si ce n’est les critiques, sur la stratégie suivie par la coalition internationale emmenée par les États-Unis contre l’organisation État islamique (EI ou Daech).

Pour rappel, cette dernière consiste à fournir un appui aérien aux troupes locales engagées contre l’EI et vise à former des combattants des forces armées irakiennes et des rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL).

En Irak, l’une des critiques de cette stratégie met l’accent sur le soutien aérien éventuellement apporté à des milices chiites irakiennes, qui, soutenues par l’Iran, ont combattu les troupes américaines entre 2003 et 2011. Appelées à intervenir dans des régions à majorité sunnite, ces dernières ont commis des exactions, notamment lors de la reconquête de Tikrit, en mars dernier.

Le cas syrien est un peu plus compliqué. Si l’appui aérien fourni aux milices kurdes ne pose pas de problème – du moins jusqu’à présent, l’attitude de la Turquie ayant changé dans cette affaire -, il en va autrement avec la formation des rebelles syriens, sachant qu’il est exclu d’apporter une quelconque aide aux troupes de Bachar el-Assad.

Début juillet, le chef du Pentagone, Ashton Carter, fut contraint d’admettre que, pour le moment, seulement moins de 60 rebelles syriens avaient reçu une formation militaire de la part d’instructeurs américains. « C’est beaucoup moins que ce que nous espérions à ce point », avait-il dit… Et cela alors que 500 millions de dollars avaient été débloqués pour former 5.400 combattants sur un an!

Le secrétaire américain à la Défense avait alors expliqué que ce chiffre ridiculement bas était dû au processus de sélection des futurs combattants syriens. Et pour cause : il n’est pas question de les voir passer avec armes et bagages chez les jihadistes de l’EI ou du Front al-Nosra, lié à al-Qaïda.

« Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera nécessairement mal », dit la loi de Murphy. Et elle se vérifie encore une fois.

En effet, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), presque toujours repris par la presse en raison de son large réseau d’informateurs en Syrie, le Front al-Nosra a tendu un guet-apens au chef de la « Division 30 », celle-là même qui, formée essentiellement par des Turkmènes, a bénéficié d’une instruction militaire américaine. Résultat : 8 combattants rebelles sont tombés aux mains des jihadistes d’al-Qaïda.

« Des éléments du Front al-Nosra ont enlevé mercredi soir le chef de la « Division 30 » avec sept de ses hommes, à l’issue d’une réunion tenue à Azaz, alors qu’ils regagnaient leur quartier général à Malkiyé (province d’Alep, dans le nord de la Syrie), a raconté Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH.

« La réunion à Azaz visait à coordonner avec d’autres groupes rebelles sur le terrain le début d’une opération militaire contre l’EI dans la partie nord-est de la province d’Alep. Le rapt a eu lieu sur un barrage d’al-Nosra », a-t-il précisé.

Toujours selon l’OSDH, le chef de cette « Division 30 », le colonel Nadim al-Hassan, un déserteur de l’armée syrienne, faisait partie de ces… combattants entraînés par les militaires américains en Turquie. Ils seraient revenus en Syrie il y a deux semaines avec 30 véhicules tout-terrain et des armes d’origine américaine.

D’après l’AFP, cette unité de rebelles modérés syriens a publié un communiqué via sa page Facebook dans lequel elle dénonce l’enlèvement du colonel Hassan et demande « aux frères du Front al-Nosra de les libérer immédiatement pour préserver les rangs des musulmans, et de ne pas affaiblir les fronts par des conflits marginaux ».

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