Nouvelles tensions entre Bahreïn et l’Iran

Ces dernières années, les forces de police de Bahreïn ont été visées à plusieurs reprises par des attentats. Le dernier en date a été commis le 28 juillet près d’une école pour fille dans le quartier à majorité chiite de Sitra, près de la capitale Manama.

Selon le ministère de l’Intérieur, deux policiers y ont laissé la vie et six autres ont été blessés, dont un gravement. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière depuis mars 2014, où trois membres des forces de l’ordre furent tués.

Depuis 2011, le royaume doit faire face à des troubles motivés par le mécontentement de sa population chiite – majoritaire dans le pays – qui s’estime lésée par le pouvoir sunnite en place. Il y a 4 ans, l’Arabie Saoudite est même intervenue militairement pour, officiellement, y assurer la protection des sites stratégiques (installations pétrolières, banques) mais surtout pour calmer les ardeurs des contestataires.

En outre, Manama accuse régulièrement Téhéran de souffler sur les braises. Encore récemment, le 25 juillet, les autorités bahreïnies ont annoncé avoir saisi une cargaison d’armes en provenance d’Iran, dont des explosifs C4, des kalachnikov et d’autres munitions diverses.

De son côté, Téhéran a catégoriquement rejeté les affirmations de Manama. « Il est clair que le gouvernement de Bahreïn, en répétant des accusations infondées, cherche à créer un climat de tension dans la région », a ainsi déclaré Marzieh Afkham, la porte-parole de la diplomatie iranienne. « De telles méthodes ne sont pas constructives et n’entament en rien la volonté de la République islamique d’Iran de poursuivre sa politique (…) et la coopération régionale pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme », a-t-elle ajouté.

Si l’Iran ne cache pas son soutien aux protestataires chiites de Bahreïn, il réfute toutefois toute accusation d’ingérence dans les affaires internes de ce royaume.

Mais, suite à cette saisie d’armes et aux déclarations de responsables iraniens jugées « hostiles », comme ceux tenus par Ali Khamenei, le guide suprême de la Révolution islamique, dans lesquels ils a réaffirmé son soutien aux « peuples opprimés », Manama a rappelé son ambassadeur en poste à Téhéran.

Le climat entre les deux pays risque de ne pas s’améliorer de sitôt car une implication iranienne dans l’attentat commis à Sitra a clairement été évoquée par les médias officiels bahreïnis.

« Les premiers éléments suggèrent que les explosifs utilisés dans l’attentat terroriste d’aujourd’hui sont du même type qui ont été récemment interceptés en provenance d’Iran », a ainsi affirmé l’agence officuelle BNA.

Quoi qu’il en soit, la stabilité de Bahreïn est un impératif pour la marine américaine – mais aussi, dans une moindre mesure, pour son homologue britannique – dans la mesure où le quartier général de sa Ve Flotte, qui assure des missions dans le golfe arabo-persique et plus généralement au Moyen-Orient, y est installé.

En 2011, au plus fort de la révolte chiite, la Brookings Institution, un centre de réflexion établi à Washington, avait affirmé dans un rapport que le Pentagone n’avait pas de « plan B » dans le cas où il lui serait demandé de quitter Bahreïn après un éventuel changement de régime. Cela « pourrait laisser les Etats-Unis sans une base maritime clé à un moment de tensions importantes au Moyen-Orient », avait-elle estimé à l’époque.

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