Quelle a été la plus-value opérationnelle du porte-avions Charles de Gaulle lors de son engagement en Irak?

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Au début du mois, le député François Cornut-Gentille a provoqué une petite polémique au sujet du coût de la participation du groupe aéronaval (GAN) constitué autour du porte-avions Charles de Gaulle à l’opération Chammal et donc à la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh) emmené par les États-Unis.

En réponse à une question écrite posée en mars dernier par le député sur ce point précis , le ministère de la Défense a ainsi indiqué que ce coût avait été de 43,6 millions d’euros pour 8 semaines d’engagement.

« Les surcoûts associés à l’engagement du GAN durant ces 8 semaines ont été évalués à 24,6 M€, hors munitions, auxquels se sont ajoutés 11 M€ au titre des dépenses de personnel (soit un montant hebdomadaire moyen d’environ 4,5 M€), directement imputés au budget opérationnel de programme ‘Opérations extérieures’. Au cours de cette période, le coût des munitions consommées s’est élevé à près de 8 M€ », a ainsi détaillé le ministère de la Défense.

Mais « pour quelle valeur ajoutée opérationnelle? », avait alors demandé, via son blog,  M. Cornut-Gentille, étant donné que l’opération Chammal est encore en cours… Et sans porte-avions.

En août 2011, et alors que le Charles-de-Gaulle avait été engagé dans l’opération Harmattan, en Libye, la même question avait été posée par le journaliste Jean Guisnel. « L’envoi du porte-avions Charles de Gaulle au large de la Libye, quelques jours après le début des engagements, n’a jamais constitué un impératif opérationnel », avait-il écrit, en soulignant que le dispositif français reposait alors sur la base aérienne de Solenzara, ainsi que sur celles déployées à Sigonella (Sicile) et à La Sude (Crète), deux îles proches de la Libye.

Quoi qu’il en soit, un porte-avions est fait pour des opérations lointaines… Comme celle en cours dans le nord de l’Irak. Et, dans une seconde question écrite posée par M. Cornut-Gentille, le ministère de la Défense a souligné la plus-value opérationelle apportée par le GAN lors de son déploiement de 8 semaines dans le golfe arabo-persique.

En premier lieu, la mission du Charles-de-Gaulle au sein de la coalition  a été un signe fort censé souligné la détermination de la France à lutter contre l’État islamique.

« Cet engagement fort, reconnu et salué par nos alliés au sein de la coalition, a contribué à développer et à consolider des axes de coopération politique et stratégique majeurs, notamment avec les États-Unis d’Amérique », a ainsi fait valoir le ministère de la Défense.

En outre, poursuit-il, il a eu pour « effet de hisser la France au deuxième rang des contributeurs de la coalition dans le domaine de l’aviation de chasse, sans qu’il soit nécessaire d’aménager des infrastructures au sol ».

Cet argument n’est pas une suprise : un porte-avions est en effet à la fois un outil de projection de puissance et un instrument politique. « C’est 100.000 tonnes de diplomatie », disait Henry Kissinger. (42.500 tonnes pour le Charles de Gaulle).

Sur le plan strictement opérationnel, l’apport du GAN a permis de faire souffler les 9 Rafale de l’armée de l’Air basés aux Émirats arabes unis, qui étaient sollicités depuis 5 mois au moment de son arrivée dans le golfe. Ce qui a bien dû permettre de réaliser quelques économies

Ensuite, l’envoi quotidien d’une patrouille de deux Rafale M pour des missions de reconnaissance a « abouti à la constitution de 1.173 dossiers images en une quarantaine de jours, améliorant considérablement la capacité d’appréciation autonome de la situation par la France et facilitant la connaissance de la zone par les forces de la coalition », indique le ministère de la Défense.

Un autre argument avancé est que, avec la présence de deux officiers américains au sein du GAN, « la fusion du renseignement recueilli par les capteurs français et par ceux de la coalition a permis l’ouverture de nouveaux canaux d’échanges concernant prioritairement la situation terrestre en Irak ».

Enfin, conclut le ministère de la Défense, les « missions de surveillance et de contrôle » du théâtre des opérations, effectuées quotidiennement par l’unique avion de guet E2C Hawkeye ont « complété celles accomplies à partir des bâtiments américains et du centre spécifique implanté au Koweït ». Ainsi, elles « ont largement contribué à assurer la permanence d’une fonction indispensable pour la conduite efficade des opérations aériennes ».

Et cela d’autant plus, mais la réponse donnée au député ne le dit pas, le GAN a assuré la permanence des capacités aéronavales de la coalition pendant la relève du porte-avions USS Carl Vinson par l’USS Theodore Roosevelt.

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