Vers une coopération militaire renforcée entre la Tunisie et les États-Unis

Pays à l’origine du « printemps arabe », la Tunisie doit maintenant faire face à une double menace jihadiste, avec la Phalange Okba Ibn Nafaa, un groupe armé lié à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), et l’État islamique (EI), qui a revendiqué deux attentats particulièrement meurtrier ayant visé le secteur touristique du pays.

Les autorités tunisiennes ont du mal à venir à bout de la Phalange Okba Ibn Nafaa, qui mutiplie les attaques contre les forces de sécurité et l’armée dans le secteur du mont Chaambi, situé dans le sud du pays, à la frontière avec l’Algérie. Elles viennent toutefois de porter un coup sévère à ce groupe armé en mettant hors de combat son chef, Mourad Gharsalli, tué lors d’une opération menée le 10 juillet dans la région de Gafsa (centre).

Quant à l’EI, le problème est d’une toute autre ampleur. Ainsi, selon un groupe d’experts des Nations unies, plus de 5.000 ressortissants tunisiens auraient rejoint les rangs de l’organisation jihadiste, dont 4.000 en Syrie, 1.000 à 1.500 en Libye et 200 en Irak. Et c’est sans compter ceux qui combattent au Mali (60) et au Yémen (50) sous la bannière d’al-Qaïda.

En outre, d’après le Premier ministre tunisien, Habid Essid, 15.000 jeunes du pays ont été empêchés de rejoindre les jihadistes dans des zones de conflits. Le groupe d’experts des l’ONU a souligné que ce phénomène touche tous les milieux socio-économiques, des plus défavorisés aux plus aisés en passant par les classes moyennes. C’est dire le défi que doit relever la Tunisie…

Pour autant, le pays peut compter sur du soutien. Ainsi, en mars, quelques jours avant l’attentat contre le musée du Bardo, à Tunis, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait évoqué une possible livraison de matériels militaires à la Tunisie, dans le cadre d’une coopération avec les Émirats arabes unis, inspirée du contrat signé avec l’Arabie Saoudite (DONAS) visant à équiper l’armée libanaise.

Déjà, les forces armées tunisiennes bénéficient d’une aide américaine, avec la livraison récente de 54 Humvee (High mobility multipurpose wheeled vehicle) et d’un patrouilleur de 20 mètres.

Et les États-Unis n’entendent pas en rester là puisqu’ils viennent d’accorder le statut d' »allié majeur non-membre de l’Otan » à la Tunisie, conformément à ce qu’avait promis le président Obama lors de la visite à Washington de Béji Caïd Essebsi, son homologue tunisien.

Cela « envoie un signal fort sur notre soutien à la décision de la Tunisie de se joindre aux démocraties du monde entier », a expliqué, dans un communiqué, le département d’État.

Jusqu’à présent, seulement 15 pays ont obtenu ce statut, dont l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, Israël, le Maroc, l’Égypte ou encore Bahreïn.

Concrètement, ce statut d’allié majeur accordé permettra à la Tunisie d’avoir un accès privilégié à une coopération militaire renforcée avec les États-Unis, notamment en matière de livraison d’équipements militaires.

Ainsi, il est question à Washington de doubler, en 2016, l’assistance américaine à l’armée et aux forces de sécurité tunisienne. Une enveloppe de 138 millions de dollars a été demandée, à cette fin, au Congrès.

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