Une sale affaire pour l’armée française

Le 30 juin, aux environs de 21h30, une dépêche AFP est diffusée : « Deux soldats français en mission au Burkina Faso ont été soupçonnés, hier (29 juin), de s’être livrés à des actes à connotation sexuelle sur deux enfants » apprend-on alors. L’information vient du ministère de la Défense, lequel n’a alors pas diffusé (du moins pas encore à ce moment là) de communiqué sur cette affaire via son site Internet.

« Informé de ces soupçons, le ministre de la Défense [ndlr, Jean-Yves Le Drian] a immédiatement signalé les faits allégués aux autorités judiciaires françaises compétentes (..) Il a également suspendu les deux soldats », peut-on lire dans la dépêche de l’AFP, qui évoque une « déclaration écrite » du ministère de la Défense. Ce dernier a aussi précisé qu’une « enquête de commandement a été déclenchée par le chef d’état-major des armées », le général Pierre de Villiers, et que « si les faits étaient avérées, l’armée se montrerait implacable à l’égard des deux personnes concernées ».

En outre, le Parquet de Paris a été saisi de cette affaire, tandis que la justice burkinabé a été prévenue. Les investigations seront menées par les prévôts de la gendarmerie, à qui il revient d’enquêter sur les faits reproches aux militaires français déployés sur un théâtre extérieur.

Alors, certains s’étonnent de la célérité du ministère de la Défense à communiquer au sujet de la suspension de ces deux militaires par rapport à son attitude suite aux accusations de même nature portées contre des éléments de la force Sangaris, en Centrafrique… Sauf que ces deux affaires sont différentes, la première ayant été signalée immédiatement alors que la seconde, par certains de ses aspects, laisse planer le doute sur une possible manipulation.

Quoi qu’il en soit, des informations contradictoires circulent déjà au sujet de cette affaire au Burkina. S’appuyant sur le témoignage d’un haut responsable de la gendarmerie burkinabè « proche de l’enquête », l’AFP explique qu’un soldat « a filmé », avec une « caméra », des actes d’attouchement sur « une mineure de 5 ans environ, dont le père est burkinabè et la mère française ».

La même source a ajouté que les deux militaires étaient des « amis de la famille », chez qui ils ont « oublié la caméra » avec laquelle ils ont filmé les attouchements. C’est ainsi que le père de la fillette a pu voir les images et a ensuite porté plainte à l’ambassade de France à Ouagadougou, qui a, à son tour, saisi la gendarmerie burkinabè.

Toujours selon l’AFP, le gendarme burkinabè a indiqué ne pas avoir connaissance d’une seconde victime.

Cela étant, Europe1 a livré une version légèrement différente de cette affaire. « Deux soldats français stationnés à Ouagadougou, la capitale burkinabè, se sont liés d’amitié avec une famille d’expatriés français et leurs deux jeunes enfants. La famille invitait régulièrement les militaires à passer des weekends chez eux en dehors de leur service. C’est lors de ces réunions amicales que les parents s’aperçoivent que leurs invités se livrent à des attouchements sur leurs enfants. Ils ont alors immédiatement alerté le commandement militaire et les supérieurs de ces deux soldats », affrme la radio.

Quoi qu’il en soit, cette nouvelle affaire, dont les détails seront confirmés ou pas par l’enquête en cours – porte une grave atteinte à la réputation des armées. Et si les deux militaires mis en cause sont effectivement coupables des faits qui leur sont reprochés, ils auront non seulement trahi leurs camarades mais aussi les valeurs qu’ils sont censés défendre.

« Soit ces affaires sont avérées, auquel cas c’est extrêmement grave parce qu’on touche à l’intégrité physique et morale de jeunes enfants. Et c’est toute une armée qui en prend plein la figure. Si jamais ce n’est pas avéré, c’est aussi grave (…) Cela veut dire qu’il n’y a pas de présomption d’innocence pour le groupe, pour la communauté militaire. Tous nos soldats sont assimilés à des violeurs d’enfants », expliquait, en mai dernier, le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre, au sujet des accusations de viols en Centrafrique.

Pour rappel, la France compte plus de 200 militaires au Burkina Faso, principalement issus des forces spéciales, dans le cadre du dispositif Barkhane. Cette affaire arrive alors qu’Ouagadougou est le théâtre de graves tensions politiques.

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