Face à l’EI, la Russie assure son soutien à la Syrie, y compris sur le plan militaire

S’il n’est pas question, pour les Occidentaux, de soutenir le régime de Damas face à l’expansion de l’État islamique (EI ou Daesh) et du Front al-Nosra, lié à al-Qaïda, c’est que, selon les mots de Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, il y a « une alliance objective entre Bachar el-Assad et les terroristes ». Et c’est même « le revers et l’avers d’une même médaille », avait-il affirmé en janvier 2014, soit six mois avant la chute de Mossoul en Irak.

Ayant noué une alliance de longue date avec le régime syrien, avec notamment la mise à la disposition de la base de Tartous à ses forces navales, la Russie n’a évidemment pas la même attitude. D’ailleurs, forte de sa position de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, elle a opposé son veto à chaque projet de résolution visant à sanctionner Damas.

Cela étant, une déclaration faite le mois dernier par Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a pu donner le sentiment que Moscou lâchait Bachar el-Assad. « Je pense que notre position et celle des Etats-Unis se rapprochent sur le fait qu’il ne peut pas y avoir une solution autre que politique en Syrie », avait-il affirmé.

En réalité, il n’en est rien. Ainsi, à l’issue d’une rencontre avec le président russe, Vladimir Poutine, ce 29 juin au Kremlin, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a affirmé avoir reçu l’assurance que la Russie continuera à soutenir la Syrie, même militairement.

« J’ai reçu une promesse du président Poutine qu’il allait soutenir la Syrie, politiquement, économiquement et militairement », a en effet déclaré M. Mouallem, en présence de son homologue russe.

« Nous sommes convaincus qu’au final, le peuple syrien sera victorieux. Et notre politique, qui vise à soutenir la Syrie, les dirigeants syriens et le peuple syrien, reste inchangée », a, de son côté, confirmé M. Poutine. Considérant les frappes aériennes occidentales contre l’EI « insuffisantes », ce dernier a appelé à la formation d’une autre coalition internationale.

« Nous considérons qu’il faut unir les efforts de tous les pays de la région afin de lutter efficacement contre le terrorisme et le radicalisme extrême. Tous nos contacts avec les pays de la région (…) indiquent que tous sont prêts à apporter leur contribution à la lutte contre ce mal, à savoir l’État islamique. Cela concerne également la Turquie, la Jordanie et l’Arabie Saoudite. Et à cet égard, nous appelons tous nos amis, y compris la Syrie, à faire tout ce qui est possible pour mettre en place un dialogue constructif entre les pays concernés par la lutte contre le terrorisme », a fait valoir le maître du Kremlin.

Pour la Russie, le combat contre l’EI est d’autant plus prioritaire que les jihadistes actifs dans le Caucase russe lui ont officiellement prêté allégeance. Et il est redouté une possible déstabilisation des anciens républiques soviétiques d’Asie centrale, à commencer par le Tadjikistan. En outre, il y aurait, selon les chiffres de Moscou, entre 1.700 et 2.000 ressortissants russes enrôlés sous la bannière de Daesh en Irak et en Syrie.

Par ailleurs, sur le plan militaire, le régime syrien a déjà reçu l’appui de conseillers militaires iraniens, de combattants du Hezbollah libanais et de miliciens chiites irakiens.

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