La Turquie accusée d’avoir permis l’infiltration de jihadistes de l’EI dans la ville kurde de Kobané

Après avoir subi deux revers majeurs lors de ces derniers jours face aux Unités de protection du peuple kurde (YPG), l’État islamique (EI ou Daesh) a lancé, ce 24 juin, une attaque surprise à Kobané, ville d’où il avait été chassé en janvier dernier à l’issue d’une résistance farouche des combattants kurdes syriens, appuyés par des frappes aériennes de la coalition internationale emmenée par les États-Unis.

Ainsi, les jihadistes ont perpetré trois attentats suicides contre des positions tenues par l’YPG, dont un près du poste-frontière turc de Mursitpinar. Des combats ont ensuite éclaté dans le centre de Kobané, obligeant les milices kurdes à y dépêcher des renforts. « Les combattants de l’EI se sont infiltrés par la ruse à Kobané, en portant l’uniforme des Unités de protection du peuple kurde », a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

En outre, selon deux sources concordantes, au moins 23 de civils kurdes ont été massacrés par l’EI dans le village de Barekh Boutane, situé dans les environs de Kobané. Selon Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH, les jihadistes ont finalement été chassés de cette localité en raison des frappes aériennes de la coalition. Cette information n’a pas été encore confirmée par l’YPG.

Cela étant, selon Arin Shekhmos, un militant kurde syrien, les jihadistes de l’EI qui ont donné l’assaut contre Kobané seraient passés par le poste-frontière turc de Mursitpinar. Ce qui laisse supposer qu’ils ont lancé leur opération depuis la Turquie, où l’on a pris ombrage des récents succès militaires des milices kurdes.

Mais Ankara a catégoriquement démenti ces allégations. « Les éléments en notre possession prouvent que les membres de cette organisation se sont infiltrés à Kobané depuis [la ville de] Jarablus en Syrie », a ainsi assuré le bureau du gouverneur de la province de Sanliurfa (sud). « Nous avons la preuve concrète qu’il n’y a pas eu d’entrée (à Kobané) depuis le côté turc », avancé, d’après l’AFP, un responsable turc.

Il a régulièrement été reproché aux autorités turques de faire preuve d’une certaine passivité à l’égard de l’EI, notamment en ne faisant pas assez d’efforts pour contrôler les frontières et bloquer ainsi le flux des jihadistes souhaitant rejoindre la Syrie.

De son côté, Ankara, qui en a appelé à l’Otan, en mars dernier, pour une action contre la « menace significative » posée par l’EI à ses frontières, met en avant les arrestations de candidats au jihad sur son territoire tout en déplorant le manque de partage d’information sur les filières de recrutement jihadistes.

Cependant, dès janvier 2014, certains titres de la presse turque ont dénoncé l’implication du MIT, le service de renseignement turc, d’avoir livré des armes à des groupes jihadistes actifs en Syrie via l’assocation islamiste Humanitarian Relief Foundation. Cette accusation a été réaffirmée en mai dernier, avec des photographies et des vidéos à l’appui, par le quotidien turc Cumhuriyet. Ce qui a valu à ce dernier d’être l’objet d’une enquête pour… terrorisme. Et, depuis, il a retiré les documents compromettants de son site Internet.

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