Le projet de réforme de l’armée suisse se retrouve dans l’impasse

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Des effectifs réduits de 180.000 à 100.000 hommes, des équipements renouvelés, des trous capacitaires en partie comblés, notamment dans le domaine de la cyberdéfense, et un budget annuel de 5 milliards de francs suisses contre 4,7 milliards actuellement. Tel est le DEVA (Développement de l’armée), le projet défendu par Ueli Maurer, le chef du département suisse de la Défense afin de moderniser les forces armées de son pays.

Seulement, cette réforme a été repoussée par le National, c’est à dire la chambre basse du Parlement suisse, par 86 voix contre 79 et 21 abstentions. Après l’échec de la votation sur l’achat de 22 avions de combat Gripen E/F, il s’agit du second revers de M. Maurer en un peu plus d’un an.

Ironie de l’histoire, ce projet n’a pas été adopté pour des raisons différentes. Ainsi, les partis de gauche (socialistes et écologistes) voulaient réduire le budget à 4,4 milliards de francs suisses et aller plus loin encore dans la déflation des effectifs militaires en les portant à 80.000 hommes seulement.

« On ne fait qu’augmenter les crédits militaires même après le refus de l’avion de combat Gripen. Entourée de pays amis, la Suisse n’a pas à craindre des troupes ennemies à ses frontières », a commenté l’élu socialiste Pierre-Alain Fridez.

Quant à la droite conservatrice (UDC), elle voulait une armée de 140.000 hommes, avec un budget annuel de 5,4 milliards. Tout le contraire en somme. « Les attentats à Paris, les succès de Daech en Syrie mais aussi l’afflux de réfugiés, la crise économique en Europe et la crise ukrainienne sonnent le glas de ces rêves de paix éternelle », a plaidé Adrian Amstutz, l’un de ses élus. « Il faut se réveiller et ne pas attendre la première décapitation en Suisse. Les soldats ne doivent plus s’entraîner dans des bacs à sable ou sur un ordinateur », a-t-il insisté.

Aussi, faute de pouvoir se mettre d’accord sur un texte qui se voulait consensuel, ce projet de révision de l’armée suisse (le 5e en 20 ans précise le quotidien Le Matin) va donc retourner au Conseil des États [ndlr, la chambre haute] avant de revenir au National. Et si le même scénario se joue, il sera définitivement abandonné.

En attendant, la Société suisse des officiers (SSO) a sévèrement critique l’attitude des élus sur ce dossier. « le Conseil national instrumentalise l’armée à des fins strictement politiques, ce qui affaiblit la sécurité nationale », a-t-elle estimé. Et d’ajouter : « Alors que le peuple suisse s’est exprimé avec une grande clarté ces dernières années pour une armée forte, la décision du National démontre une absence de vision et de stratégie sécuritaires ».

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