La mort de Belmokhtar démentie par plusieurs groupes jihadistes

Déjà donné pour mort à plusieurs reprises et à nouveau visé, dans la nuit du 13 au 14 juin à Ajdabiya, une localité libyenne située à 160 km à l’ouest de Benghazi, par un raid mené par deux avions F-15 américains, Mokhtar Belmokhtar, le chef jihadiste d’al-Mourabitoune (Les Almoravides), par ailleurs placé en tête de la liste françaises de « High Target Value » (HTV), serait toujours en vie.

Dans un premier temps, le groupe Ansar Asharia, lié à al-Qaïda, qui a perdu 7 militants lors du bombardement américain, a démenti l’affirmation du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale selon laquelle Belmokhtar, connu aussi sous le nom de Khaled Abou al-Abbas, aurait été tué.

Puis, al-Mourabitoune, dont l’une des composantes a récemment annoncé son ralliement à l’État islamique (EI), a également affirmé que Belmokhtar est toujours vivant. Et pour cause : dans un communiqué envoyé à l’agence privé mauritanienne al-Akhbar, souvent utilisée par la mouvance jihadiste, le groupe a précisé qu’il n’était pas présent à la réunion d’Ansar Asharia visée par le raid américain.

Enfin, al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a compté Belmokhtar dans ses rangs, a livré la même version. « Le moujahid Khaled Abou al-Abbas est toujours vivant et se porte bien », a ainsi fait savoir l’organisation jihadiste, via un message par al-Andalus, sa branche « médias ». « La vraie cible de cette frappe aérienne était les lions de Libye », a encore fait valoir l’organisation.

Cependant, le doute est toujours permis tant que Belmokhtar ne donnera pas lui-même un signe de vie en signant un message, comme il l’avait récemment fait pour démentir l’allégeance de son groupe à l’EI.

Le 15 juin, en déplacement en Algérie, le président Hollande avait évoqué la « très grande probabilité » de la mort de Belmokhtar. Trois jours plus tard, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’est montré prudent.

« Nous n’en sommes pas sûrs. Il y a eu un raid par l’armée américaine qui a ciblé un lieu où il était censé se trouver. Mais je ne peux pas à ce jour confirmer sa mort. C’est très probable, mais ce n’est pas encore certain », a affirmé le ministre sur le plateau de BFMTV. « Mais cela montre une chose c’est que les jihadistes de cette zone sont aujourd’hui sur le reculoir. C’est eux qui sont en insécurité », a-t-il ajouté.

Ayant fait ses premières armes en Afghanistan et dans les maquis du Groupe islamique armé (GIA) algérien, Belmokhtar, alias Mr Marlboro en raison des trafics de cigarette auquel il s’est livré pour financer ses activités, a été un cadre du Groupement salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu AQMI en 2007.

Après avoir fondé un nouveau groupe, Les Signataires par le sang, à l’époque où le nord du Mali était sous la coupe des jihadistes, Belmokhtar a planifié et fait exécuter l’attaque du site gazier d’In Amenas en janvier 2013. Plus tard, il a rapproché son organisation avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) pour créer al-Mourabitoune. Ce dernier a récemment revendiqué plusieurs attentats au Mali, dont celui contre un restaurant de Bamako, en mars, ainsi qu’au Niger.

Au cours de ces derniers mois, les forces françaises de l’opération Serval puis Barkhane ont porté de sévères coups à al-Mourabitoune, en neutralisant plusieurs proches lieutenants de Belmokhtar, lequel se serait réfugié dans le sud de la Libye.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]