Airbus menace de se retirer du projet de drone MALE européen en cas d’ingérence des gouvernements

Au cours de ces dernières années, deux projets de drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) européens ont été lancés avant d’être finalement abandonnés. Ainsi, le programme Talarion, associant au départ la France, l’Allemagne et l’Espagne, a été annulé en 2012 par Airbus (alors EADS), faute de soutien des États concernés. Deux ans plus tôt, Londres et Paris s’engagèrent dans une coopération pour le Telemos, avec l’implication de BAE Systems et de Dassault Aviation. Las, ce projet a été enterré sans tambour ni trompette.

Pendant ces atermoiements, les industriels américains et israéliens, voire même chinois, maintiennent leur avance dans le domaine des drones MALE. Cependant, lors de l’édition 2013 du salon aéronautique et de l’espace du Bourget, Airbus, Dassault Aviation et Finmeccanica annoncèrent leur coopération pour développer en commun un appareil de ce type à l’horizon 2020-2025.

Puis, lors du Conseil européen de décembre 2013, le principe d’un programme de drone MALE européen fut arrêté. La mise au point d’un tel appareil est d’autant plus nécessaire que les pays dotés d’engins américains, comme les MQ-9 Reaper, n’ont pas toute la latitude pour les utiliser comme ils l’entendent.

Suite à cela, Airbus, Dassault et Finmeccanica se mirent d’accord sur un « partage des tâches » pour mener à bien ce projet. Et, en mai dernier, une lettre d’intention fut signée par la France, l’Allemagne et l’Italie pour me lancement des études techniques concernant cet « eurodrone » Male de 3e génération. Restait désormais à notifier un contrat d’études de deux ans aux industriels.

Seulement, d’après les informations du quotidien Les Echos, la signature de ce contrat serait encore loin d’être acquise en raison de « points de divergence », à tel point que les industriels ont envisagé de diffuser un communiqué pour exprimer leur impatience. Ainsi, la Luftwaffe « souhaiterait un drone hypersécurisé, ce qui n’emballe pas » l’armée de l’Air, rapporte le journal. Et la question de savoir si ce futur appareil devra ou non être armé n’est pas encore tranchée.

Toujours selon Les Echos, le délégué général à l’armement, Laurent Collet-Billon, aurait quelques réticences, notamment en raison du manque de perspectives à l’export pour ce drone européen et aussi, sans doute, à cause du financement. Et cela d’autant plus qu’il n’y a pas une urgence pour l’armée de l’Air étant donné qu’elle vient d’acquérir des MQ-9 Reaper américains qui donnent pleinement satisfaction.

Cependant, il n’y a pas encore péril en la demeure. Quand la lettre d’intention portant sur le lancement des études préliminaires a été signée, il a bien été précisé que le contrat, d’un montant de 60 millions d’euros, serait notifié par l’OCCAR (Organisation conjointe de coopération en matière d’armement) « dans le courant de l’année ». Il reste donc encore 6 mois avant de s’inquiéter…

Mais ce risque de fragiliser le programme de drone MALE européen est… l’ingérence des États. Une ligne rouge pour Tom Enders, le patron d’Airbus. « La répartition des tâches doit être faite intelligemment et non pas d’une manière hautement politisée, fragmentée entre les pays », a-t-il en effet affirmé au Financial Times. « Je n’hésiterai pas à me retirer de projets si j’ai le sentiment que cela mène droit dans le mur », a-t-il prévenu.

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