Les jihadistes de l’EI chassés de la ville syrienne de Tall Abyad par les milices kurdes

kobane-20150126Au terme d’une offensive lancée le 11 juin, appuyées par frappes effectués par la coalition internationale emmenée par les États-Unis ainsi que par des rebelles anti-régime et anti-jihadistes, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), ont infligé un sérieux coup au groupe État islamique (EI ou Daesh) en lui prenant le contrôle de la ville stratégique de Tall Abyad, frontalière avec la Turquie.

Cette localité, située à 80 km de Raqqa, « capitale » du califat proclamé par le chef de l’EI, avait été conquise par les jihadistes en janvier 2014. Elle était devenue l’un de leurs principaux points de passage avec le territoire turc, ce qui leur permettait de faire passer des armes et des recrues.

Désormais, après la perte de Tall Abyad, les jihadistes, qui contrôlent encore les points de transit de Jarablos, dans la province d’Alep, devront faire une centaine de kilomètres de plus pour passer en Turquie.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), fréquemment cité par les médias occidentaux, au moins 40 éléments de l’EI ont été tués en tentant de briser l’encerclement de la ville par les miliciens kurdes. Les combats ont en outre provoqué la fuite de 16.000 personnes vers la Turquie.

La prise de Tall Abyad est le second revers majeur infligé par les milices kurdes à l’EI, après celui de Kobané, en janvier. Visiblement, l’état d’esprit des combattants de l’YPG contraste avec de celui des forces irakiennes (à dominante chiite), qui, elles, ont abandonné la ville de Ramadi (majoritairement sunnite), en mai dernier.

Un état d’esprit illustré récemment par l’attitude des combattants kurdes irakiens (peshmergas) à Jalawla, une ville située dans la province irakienne de Diyala, d’où ils ont chassé les milices chiites soutenues par l’Iran, après avoir combattu l’EI à leurs côtés. « Cette région est la nôtre et ça ne changera pas », a affirmé le général des peshmergas Mahmoud Sangawi. « Pour moi, si l’EI ou les milices chiites m’attaquent, je les attaquerais. Parce que c’est ma terre », a-t-il ajouté.

Cela étant, les succès militaires remportés par les milices kurdes syriennes inquiétent le gouvernement islamo-conservateur en Turquie, où la minorité kurde demande davantage d’autonomie, voire l’indépendance à l’égard d’Ankara. « Cela pourrait conduire à la création d’une entité qui menace notre frontière », a ainsi fait valoir Recep Tayyip Erdogan, le président turc, lors d’un déplacement en Azerbaïdjan.

D’ailleurs, alors qu’elles sont accusées de soutenir l’EI, les autorités turques n’ont pas tardé à réagir à l’annonce de la prise de Tall Abyad par l’YPG en accusant les forces kurdes de se livrer à un « nettoyage éthnique » dans les territoires repris aux jihadistes. « Nous observons sur le terrain une tentative en cours (de la part des Kurdes) de pousser à l’exil (les populations arabes et turkmènes), de nettoyer (le nord de la Syrie) en les remplaçant par d’autres éléments et de réunir plusieurs cantons ensemble », ainsi affirmé Bülent Arinç, le porte-parole du gouvernement turc.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]