Irak : Washington va envoyer 450 instructeurs supplémentaires pour former des combattants sunnites

Comme il n’est pas question pour le président Obama – comme d’ailleurs les autres pays de la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh) – d’envoyer des forces terrestres pour contrer l’avancée des jihadistes, la solution passe par la formation des troupes combattantes irakiennes.

Actuellement, plus de 3.000 instructeurs américains ont été envoyés à cette fin en Irak. D’autres pays de la coaltion en ont fait de même, comme la France, qui a déployé une centaine de militaires auprès des soldats de l’Iraqi Counter Terrorism Service (ICTS) et de la 6e division de l’armée irakienne.

Mais, après la chute de Ramadi, en mai, l’administration américaine estime qu’il faut accentuer cet effort de formation, notamment en direction des combattants sunnites.

« Nous avons déterminé qu’il serait mieux de former plus » de combattants irakiens face à Daesh, a ainsi expliqué, le 9 juin, le colonel Steven Warren, un porte-parole du Pentagone. « Nous travaillons maintenant à une stratégie pour y arriver », a-t-il ajouté. « Nous voulons voir plus de sunnites » être formés par les instructeurs américains et leurs alliés et « nous avons pressé le Premier ministre irakien Haider d’aider à trouver une solution », a-t-il aussi avancé.

L’EI contrôlant la majeure partie de territoire à majorité sunnite, il est délicat d’y envoyer des milices chiites – voire même des troupes régulières irakiennes – les reconquérir dans la mesure où elles seraient perçues comme des forces d’occupation.

En 2006, le général David Petraeus, qui avait élaboré une stratégie contre-insurrectionnelle qui donna des résultats probants, s’était appuyé sur les tribus sunnite pour contrer al-Qaïda en Irak (qui deviendra plus tard Daesh) dans la province d’al-Anbar. D’où l’idée de renouveler l’expérience. Toutefois, les conditions ne sont plus les mêmes par rapport à il y a 10 ans…

En marge du sommet du G7, en début de semaine, le président Obama a évoqué cette question. « Nous voulons plus de troupes irakiennes entraînées, fraiches, bien équipées et concentrées », a-t-il dit. « L’une des choses que l’on constate en Irak, c’est qu’il y a toujours des endroits où il y a plus de capacités d’entraînement qu’il n’y a de recrues » et « une grande partie de la réponse se trouve dans notre capacité à atteindre les tribus sunnites ».

Pour le moment, 8.920 militaires irakiens ont reçu une formation donnée par la coalition et 2.601 sont en cours d’instruction. À vrai dire, cela ne représente pas grand chose au regard des effectifs de l’EI, très probablement sous-estimés (de 21.500 à 200.000!).

Aussi, afin d’accélérer la formation des troupes irakiennes, et donc sunnites, le président Obama a autorisé, ce 10 juin, l’envoi de 450 instructeurs militaires supplémentaires en Irak. Cette décision vise à « améliorer les capacités et l’efficacité des partenaires sur le terrain », a expliqué la Maison Blanche, qui prend soin de préciser (et de répéter) qu’ils ne prendront pas part aux opérations de combat.

Selon l’agence Reuters, le Pentagone envisage de créer une nouvelle base en Irak, précisément à Habbaniya, dans la province d’al-Anbar, à l’ouest de Bagdad. Pour la petite histoire, les instructeurs américains (des Marines) affectés à la base d’al-Asad, se roulent les pouces : les stagiaires qu’ils étaient en train de former ont été réaffectés par Bagdad pour renforcer la protection d’un pélerinage.

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