L’État islamique cherche à développer son arsenal d’armes chimiques

Récemment, dans un article publié dans son magazine de propagande, l’État islamique (EI ou Daesh) a prétendu qu’il serait bientôt en mesure d’acquérir une arme nucléaire au Pakistan… Pour le moment, et de l’avis de nombreux experts, ce scénario est improbable dans la mesure où l’arsenal pakistanais est extrêmement sécurisé.

Cela étant, cette annonce rappelle que l’EI cherche à se doter d’armes dites de destruction massive. Si le nucléaire est pour le moment exclu, les armes chimiques et le bactériologiques sont en revanche à sa portée.

D’ailleurs, il s’y intéresse de près, comme l’ont montré des documents retrouvés dans le disque dur d’un ordinateur portable ayant appartenu à un jihadiste. En outre, l’an passé, et en échange d’otages, Daesh avait réclamé la libération d’Aafia Siddiqui, alias « Lady al-Qaïda », une scientifique d’origine pakistanaise arrêtée en 2008 en Afghanistan, avec des documents concernant les armes chimiques et bactériologiques.

Enfin, en janvier, on apprenait qu’une frappe de la coalition internationale emmenée par les États-Unis avait visait un certain Saleh Jassim Mohammed Falah al-Saba, alias « Abou Malik », un « expert » en armes chimiques ayant travaillé à l’usine Al-Muthanna du temps de Saddam Hussein, avant de rejoindre Al-Qaïda en 2005.

Au cours de ces derniers mois, l’EI a été fortement suspecté d’avoir mené, en Irak des attaques avec des gaz chlorés (dichlore ou Bertholite), lesquels, au contact des voies respiratoires, se transforment en acide chlorydrique. Ces cas ont été notifiés, en février, par les autorités irakiennes à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). L’usage de gaz sarin par les jihadistes, à Kobané, dans le nord de la Syrie, a également été rapporté… mais il n’a pas été officiellement confirmé.

Cela étant, ce recours aux gaz chlorés n’est pas une nouveauté en Irak. Déjà, en 2006/2007, al-Qaïda en Irak [ndlr, l’ancêtre de l’EI], avait utilisé des camions chargés de chlore et de TNT pour commettre des attaques suicides dans la province d’al-Anbar.

Reste que l’extension de l’EI et sa capacité de recrutement pourraient changer la donne. C’est, en tout cas, ce qu’a indiqué Mme le ministre australien des Affaires étrangères, Julie Bishop, lors d’un discours prononcé le 5 juin devant l’Australia Group, un forum informel établi en 1985 et réunissant plusieurs pays afin de lutter contre la prolifération d’armes chimiques et bactériologiques.

Les jihadistes « sont prêts à utiliser tous les moyens et toutes les formes de violence auxquels ils peuvent penser pour faire avancer leur cause démente », a avancé Mme Bishop. Et « cela inclut l’utilisation d’armes chimiques », a-t-elle continué.

« L’utilisation du chlore par Daesh, et le recrutement de professionnels hautement formés techniquement, dont certains viennent d’Occident, révèlent le sérieux du développement d’armes chimiques opéré par l’organisation terroriste », a en effet affirmé Mme Bishop, pour qui « la recrudescence des groupes terroristes mondiaux tels que l’Etat islamique représentait une des menaces les plus graves pour la sécurité que le monde ait rencontré ».

« Daesh est susceptible d’avoir parmi ses dizaines de milliers de recrues, des individus qui ont l’expertise technique nécessaire pour affiner des matériaux précurseurs et fabriquer des armes chimiques », a ajouté Mme Bishop, qui a en outre estimé qu’un « effort au niveau mondial est nécessaire pour empêcher la prolifération et l’utilisation de produits chimiques toxiques ».

Et, malgré les efforts accomplis, a poursuivi Mme Bishop, « nous n’avons pas encore gagné la lutte contre les individus impitoyables et amoraux ainsi que les organisations et les régimes qui cherchent à développer et à déployer de telles armes ».

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