Le secrétaire général de l’Otan juge la « rhétorique nucléaire » russe préoccupante

Apparemment, quelque chose se prépare à la frontière ukranienne. D’après les témoignages de journalistes de Reuters et de l’AFP, de nombreux mouvements de troupes russes y ont été récemment signalés et des véhicules militaires ont été chargés sur des trains dans la région de Rostov-sur-Don, à seulement 20 km de l’Ukraine. Les marques d’identification de ces matériels militaires ont été effacées et les soldats vus autour ont apparemment retiré leurs insignes.

Ces mouvements ont été signalés alors que le vice-président des États-Unis, Joe Biden, a une nouvelle fois dénoncé l’attitude de la Russie à l’égard de l’Ukraine. « Tenir tête à Poutine est crucial pour s’assurer qu’il (ne prépare pas) encore une autre agression. Nous voulons qu’il agisse plus rationnellement. Et s’il ne le peut pas, nous continuerons à résister à ce que j’appelle une agression pure et simple », a-t-il affirmé, le 27 mai, avant de plaider pour le maintien des sanctions prises à l’encontre de Moscou.

La veille, le président Obama avait fustigé l’attitude “de plus en plus agressive” de Moscou dans la crise ukrainienne, à l’issue d’un entretien avec Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. Justement, ce dernier, lors d’un discours prononcé au Center for Strategic and International Studies (CSIS), à Washington, a jugé « profondément inquiétant » le comportement de la Russie, notamment en matière d’armes nucléaires et d’exercices militaires.

Ainsi, pour M. Stoltenberg, le projet évoqué par des responsables russes d’installer des missiles à capacité nucléaire dans l’enclave de Kaliningrad (coincée entre la Pologne et la Lituanie) de déployer des bombardiers stratégiques en Crimée « changerait fondamentalement l’équilibre de la sécurité en Europe ».

La « rhétorique nucléaire » de Moscou ainsi que les « exercices et opérations » auxquels se livre l’armée russe « sont très inquiétants », a estimé M. Stoltenberg, qui a rappelé que M. Poutine avait envisagé « la mise en alerte » de ses forces stratégiques au moment de l’annexion de la Crimée, en mars 2014.

« La Russie a aussi significativement augmenté le nombre de vols de bombardiers nucléaires et leur durée, sur la plupart du globe (…) du Japon à Gibraltar, de la Crète à la Californie, de la Baltique à la Mer Noire », a encore relevé le secrétaire général de l’Otan. « La Russie a oublié les leçons de la Guerre froide, et notamment que lorsqu’il s’agit d’armes nucléaires, « la prudence, la prévisibilité, et la transparence sont vitales », a-t-il continué. Et d’insister : « Les bruits de botte russes sont injustifiés, déstabilisants et dangereux ».

S’agissant des exercices militaires russes, M. Stoltenberg a déploré qu’ils soient désormais lancés sans annonce préalable, en « violation des accords internationaux ». « La Russie a utilisé cette technique pour déplacer des troupes pendant l’annexion de la Crimée, ou pour soutenir les séparatistes ukrainiens », a-t-il fait valoir.

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