Le Kremlin interdit la communication des pertes militaires lors d’opérations spéciales en temps de paix

Jusqu’à présent, les pertes subies par les forces armées russes en temps de guerre étaient confidentielles. Mais selon un décret signé ce 28 mai par le président Poutine, il faudra désormais y ajouter celles subies lors « d’opérations spéciales » en temps de paix. En cas de divulgation de telles informations à l’étranger, une peine pouvant aller jusqu’à 4 ans de prison pourra être prononcée.

Ce décret a été publié quelques semaines après la diffusion du rapport Nemtsov, du nom de cet opposant à Vladimir Poutine assassiné en février dernier à Moscou. Ce document, relatif aux actions militaires russes dans le Donbass (sud-est de l’Ukraine) avait affirmé qu’au moins 220 soldats russes avaient perdu la vie lors de combats menés en appui des séparatistes ukrainiens pro-Moscou. Et des informations sur ces pertes, émanant le plus souvent de familles, avaient été reprises sur les réseaux sociaux et les médias indépendants.

« La raison pour laquelle les pertes ne doivent pas être rendues publiques est le Donbass, cette région de l’Est de l’Ukraine où les séparatistes prorusses combattent depuis plus d’un an les forces de Kiev », a d’ailleurs commenté l’expert militaire Pavel Felgenhauer, sollicité par l’AFP. « Je n’ai jamais vu une définition juridique du concept d’opération spéciale. Cela signifie que tout peut être désigné comme tel », a-t-il ajouté.

Pour l’opposante et journaliste Ksenia Sobtchak, « ce décret est une violation impensable de la liberté d’expression et crée une situation dans laquelle toute enquête journalistique devient illégale ».

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