Paris s’opposera à tout accord sur le nucléaire iranien si Téhéran refuse l’inspection de ses sites militaires

Les discussions visant à obtenir un accord définitif sur le programme nucléaire iranien, soupçonné d’avoir une finalité militaire, ont repris, ce 27 mai, à Vienne, entre le groupe 5+1 (les 5 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et l’Allemagne) et l’Iran.

Récemment, ces négociations ont provoqué quelques remous à Téhéran, où les députés ultra-conservateurs ont reproché aux diplomates iraniens, Mohammad Javad Zarif , le ministre des Affaires étrangères compris, de faire trop de concessions aux Occidentaux sur ce dossier. Ces derniers ont toutefois reçu le soutien de l’ayatollah Khamenei, le guide suprême de la République islamique, lequel à la haute main sur ce dossier.

« Les négociateurs travaillent, font des efforts, versent leur sueur. Grâce à Dieu, ils pourront insister sur ces positions et obtenir ce qui est l’intérêt du pays et du régime », a-t-il ainsi affirmé pour couper court aux polémiques.

Cela étant, le 20 mai, l’ayatollah Khamenei avait fixé des limites. « Nous avons déjà dit que nous ne permettrons aucune inspection des sites militaires de la part des étrangers (…) Ils disent aussi qu’il faut autoriser des interviews avec les scientifiques nucléaires. C’est de l’interrogatoire. Je ne permettrai pas que des étrangers viennent pour parler aux scientifiques qui ont fait progresser cette science à ce niveau », avait-il affirmé.

Justement, la question de l’inspection des sites militaires iraniens suspectés d’avoir abrité des activités nucléaires est un des points cruciaux qu’il reste à trancher. Et pour cause : la France a fait savoir que l’accès à ces installations était une des conditions pour qu’elle accepte de signer l’accord en cours de discussion.

« Il n’y aura pas d’acceptation (de l’accord) de la France s’il n’est pas clair qu’une vérification pourra être faite auprès de toutes les installations iraniennes, y compris les sites militaires », a ainsi prévenu Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, devant le députés, ce 27 mai, en souhaitant que les autres puissances engagées dans les discussions en fassent de même.

La France n’est pas la seule à défendre cette position : Yukiya Amano, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), laquelle serait garante de la bonne exécution d’un éventuel accord, a affirmé que ses inspecteurs devraient pouvoir accéder à tous les sites, y compris militaires. En outre, le 30 avril dernier, Joe Biden, le vice-président américain, avait exprimé la même exigence et défendu une levée progressive des sanctions qui frappent l’économie iranienne ainsi qu’un mécanisme immédiat de leur retour dans le cas où Téhéran manquerait à ses obligations.

La date limite de ces négociations a été fixée au 30 juin prochain. Au vu des positions affichées par les uns et les autres, un accord final est donc encore loin d’être trouvé.

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