Le président Obama n’a pas l’intention de changer de stratégie face au groupe État islamique

En une semaine, le groupe État islamique (EI ou Daesh) s’est emparé de Ramadi, en Irak, et de la cité antique de Palmyre, en Syrie, ainsi que le dernier poste-frontière entre les deux pays qui étaient encore il y a peu tenu par les forces syriennes.

Désormais, et même s’il a subi quelques revers au cours de ces derniers mois, notamment à Kobané (face aux Kurdes) et à Tikrit (face aux milices chiites), l’EI contrôle près de la moitié de la Syrie – et donc de la quasi-totalité des champs pétroliers et gaziers – ainsi que les provinces irakiennes d’al-Anbar et de Ninive. En outre, comme l’a souligné Matthew Henman, de l’IHS Jane’s Terrorism and Insurgency Centre, la prise de Palmyre pourrait être le point de départ d’une offensive vers Damas et Homs.

Pour autant, et malgré ces derniers développements, il n’est pas question pour le président américain, Barack Obama, de revoir la stratégie appliquée par la coalition internationale mise en place pour combattre l’EI.

« Je ne pense pas que nous avons perdu », a assuré le chef de la Maison Blanche, dans un entretien publié le 24 mai par The Atlantic, soit après la perte de Ramadi. « L’EI a été considérablement affaibli en Irak, et les forces kurdes ont fait des progrès significatifs dans le nord du pays », a-t-il fait valoir, tout en exprimant à nouveau son refus d’envoyer des forces de combat terrestres.

La stratégie de la coalition s’appuie sur des raids aériens contre les positions jihadistes, notamment dans le nord de l’Irak (les pays occidentaux refusent toute intervention en Syrie, à l’exception des États-Unis et du Canada) ainsi que sur la formation des forces irakiennes et des rebelles de l’armée syrienne libre, ou de ce qu’il en reste.

Depuis août 2014, 4.000 raids aériens ont ainsi été effectués (pour un coût évalué à 2,11 milliards de dollars, a précisé l’AFP) et 10.000 soldats irakiens ont été formés, ou sont en cours d’instruction. Pour la Syrie, seulement 90 rebelles modérés ont commencé une formation en Jordanie.

Et il n’est donc pas question d’aller plus loin pour le président Obama. Un responsable américain de la coalition, le général Thomas D. Weidley, n’avait-il d’ailleurs pas estimé, le 15 mai, que « la stratégie de pour vaincre et démanteler l’État islamique était sur la bonne voie »?

Revenant sur son opposition à l’envoi de forces terrestres en Irak, M. Obama a affirmé que « si les Irakiens eux-mêmes ne sont pas disposés ou capables d’arriver à des compromis politiques nécessaires pour gouverner et s’ils ne sont pas prêts à se battre pour la sécurité de leur pays, alors nous ne pouvons pas le faire pour eux ».

Et histoire de démontrer que la stratégie suivie est la bonne, le président américain a cité le cas des Kurdes, qui ont en effet réussi à repousser les jihadistes de l’EI. Sauf qu’il ne faudra pas compter sur eux pour en faire plus : les Peshmergas ont désormais le territoire qu’ils rêvaient d’avoir et ils n’iront pas plus loin qu’Erbil.

Quant à l’idée de s’appuyer sur des milices chiites, soutenues par l’Iran et réputées pour ne pas faire dans la dentelle, elle n’est pas la plus pertinente s’il s’agit de les envoyer en territoire sunnite…

Alors, que faire? Spécialiste du Center for Strategic and International Studies, Anthony Cordesman, rapporte l’AFP, suggère de permettre aux conseillers militaires américains présents en Irak de se rapprocher des unités combattantes.

« Ces conseillers, souvent membres des forces spéciales, doivent notamment aider à faire le tri entre les bons chefs militaires irakiens et les mauvais, faciliter la transmission du renseignement vers l’arrière, et aider à dépasser les barrières, rigidités, préjugés confessionnels qui affaiblissent la chaîne de commandement irakien », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Cela peut vouloir dire que l’administration Obama achèvera son mandat avec une guerre en cours. Néanmoins, il est temps que l’équipe présidentielle comprenne que perdre des guerres par omission et inaction n’est pas un meilleur résultat ».

Quoi qu’il en soit, les troupes irakiennes, épaulées par les milices chiites des Unités de mobilisation populaire et une force tribale sunnite emmenée par cheikh Rafeh Abdelkarim al-Fahdawi, ont lancé, ce 23 mai, une contre-offensive dans le secteur de Ramadi.

« Les opérations pour libérer la localité de Houssayba, à 7 km à l’est de Ramadi, ont commencé », a annoncé un colonel de la police irakienne. « Jusqu’ici, le commissariat a été libéré, de même que le secteur autour. L’opération fait des progrès significatifs », a-t-il assuré. On y verra plus clair dans les prochains jours…

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