La fin annoncée de la Journée Défense et citoyenneté

jdc-20150506Quand le Service national a pris fin, une « Journée d’appel de préparation à la Défense » (JAPD) a en quelque sorte pris le relai. Plus précisément, il s’agissait, dans l’esprit, de remplacer les fameux « trois jours » (qui duraient en réalité une journée) au cours desquels tous les jeunes en âge de remplir leurs obligations militaires subissaient une batteries de tests médicaux et psychotechniques.

En 2011, cette JAPD a été remplacée par la « Journée Défense et Citoyenneté » (JDC). Le ministère de la Défense précisait qu’il s’agissait de « rappeler les valeurs de la République et les notions de droits et devoirs mais aussi de vivre ensemble », avec l’objectif  « d’amener les jeunes à prendre conscience de la légitimité de la défense et de la nécessité des moyens à lui consacrer ».

Trois ans plus tard, cette JDC a été une nouvelle fois « rénovée » en fonction des recommandations du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN), lequel appelait notamment à un recentrage sur la « sensibilisation à l’esprit de défense ».

À l’époque, le Secrétariat général pour l’administration (SGA) expliquait qu’il s’agissait de « favoriser l’explication des enjeux de défense et de sécurité de la Nation auprès des 760.000 jeunes, appelés chaque année à vivre leur JDC ».

Cette journée est obligatoire pour les jeunes français âgés de 16 à 25 ans. Le certificat individuel de participation qui leur est délivré est indispensable pour l’inscription aux épreuves du Baccalauréat, à celles du permis de conduire ou encore aux concours de la Fonction publique.

Si elle est souvent une occasion unique de sensibilisation aux affaires de défense, cette JDC permet également de faire passer des tests de lecture aux jeunes concernés. Ces derniers ont pu ainsi déterminer que 10% des 760.000 participants âgés de plus 17 ans en 2014 éprouvent de sérieuses difficultés à lire un simple programme de cinéma (et 4% sont même considérés comme illettrés).

Seulement, cette JDC est vouée à disparaître. Lors d’une table ronde organisée à l’occasion d’une rencontre avec la jeunesse, le 6 mai, le président Hollande a annoncé qu’elle pourrait prochainement devenir une « journée de formation et d’information ».

Exit, donc, la sensibilisation aux questions de défense? En tout cas, le chef de l’État n’en a pas parlé. Selon lui, cette nouvelle journée devra permettre de donner une meilleure information aux jeunes afin de les « orienter vers le meilleur dispositif », en précisant qu’il y voyait une « journée d’espoir » ou encore « une journée d’égalité pour l’accès de tous aux formations et à l’information ».

Cette annonce n’a pas suscité énormément de réactions… Toutefois, le député Jean-François Lamour (UMP), qui n’a pas manqué de « sabrer » cette décision qui, selon lui, « conduira inéluctablement à affaiblir un esprit de Défense pourtant plus nécessaire que jamais », alors que « des défis sécuritaires importants attendent peut-être les générations futures ».

« Les citoyens en devenir que sont les jeunes n’auront désormais plus ce premier contact obligatoire avec le monde combattant pour l’instant permis par la JDC », a plaidé M. Lamour. « N’oublions pas qu’en filigrane du lien Armée-Nation se trouve la capacité d’une société à prendre conscience d’elle-même, et de la charge qui lui incombe d’assumer sa propre sécurité », a-t-il encore fait valoir.

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