Pour le général Mercier, la furtivité d’un avion de combat est moins importante que sa survivabilité

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Outre-Atlantique, le débat est parfois vif sur les capacités que devront avoir les forces aériennes à l’avenir. Ainsi, le chef des opérations de l’US Navy, l’amiral Jonathan Greenert, n’est pas convaincu par la furtivité des appareils de combat. « Si quelque chose se déplace rapidement et perturbe les molécules de l’air et émet de la chaleur, alors ce sera détectable », a-t-il récemment fait valoir.

A contrario, pour l’US Air Force, la furtivité serait presque l’alpha et l’omega des opérations aériennes futures. En outre, son chef d’état-major, le général Welsh, estime qu’il y aura toujours besoin d’avions avec des pilotes aux commandes. Avec ses propos, il a pris le contre-pied du secrétaire à la Marine, Ray Mabus, pour qui l’avenir est aux drones de combat autonomes…

Qu’en est-il en France? Lors d’un audition devant les députés de la commission de la Défense, le 15 avril dernier, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), le général Denis Mercier, a donné son point de vue sur ces questions.

« Dans l’avenir, il s’agira d’interconnecter des plates-formes, de combiner au mieux des capacités avancées de commandement et de conduite des opérations, des avions de chasse tels que le Rafale, des drones de combat, des drones MALE, etc. Tel est l’environnement auxquels nous réfléchissons », a-t-il commencé par expliquer.

Aussi, la question de remplacer les avions de combat tels que nous les connaissons aujourd’hui par des drones n’est pas pertinente aux yeux du général Mercier.

« S’agissant des drones, la question pour le futur n’est pas de savoir si tel ou tel avion sera remplacé par un drone, mais d’imaginer un système qui interconnectera dans les meilleures conditions possibles des Rafale et des drones de combat, par exemple », a-t-il avancé.

Quant à la furtivité, elle n’est pas primordiale pour le CEMAA. « Lorsque l’on engage des avions sur un théâtre, le critère principal est non pas la furtivité, mais la survivabilité, c’est-à-dire la capacité du système à survivre compte tenu du niveau et de la nature des menaces existant sur ce théâtre », a-t-il fait valoir.

Si le général Mercier a admis que, dans certains cas, « la survivabilité, c’est la furtivité », il a dans le même temps souligné qu’il « existe aujourd’hui des radars qui commencent à détecter les avions furtifs, ce qui rend ceux-ci vulnérables à différentes menaces ».

Le fait est, rien ne garantit que les avions dit « furtifs » le resteront toujours. Les progrès en matière de traitement informatique des signaux conjugués à ceux des radars à antenne active sont de nature à remettre en cause ce concept.

Qui plus est, Cassidian (Airbus Defence & Space), travaille sur un radar « passif » susceptible de détecter « des objets volants difficilement détectables, comme par exemple les ‘avions furtifs’, en exploitant les « réflexions des rayonnements d’autres émetteurs, tels que par exemple les stations de radio ou de télévision ».

« Le Rafale est certes moins furtif qu’un F-35, mais il est capable de faire du suivi de terrain à basse altitude en pilotage automatique, y compris de nuit et dans les nuages, ce qui est plus efficace que la furtivité vis-à-vis de certaines défenses sophistiquées », a ainsi fait valoir le général Mercier.

« Donc, dans notre vision, il ne faut pas tout miser sur un seul système. Nous devons développer la furtivité des drones de combat, mais aussi nous appuyer sur d’autres capacités telles que le suivi de terrain en pilotage automatique sur les Rafale. C’est la combinaison organisée de tous ces éléments au sein d’un système qui nous rendra performants dans l’avenir. Tel est l’enjeu », a conclu le CEMAA.

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