La marine iranienne affiche sa présence dans les détroits d’Ormuz et de Bab el-Mandeb

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Le 28 avril, le porte-conteneur Maersk Tigris, battant pavillon des îles Marshall, a été intercepté puis forcé de faire mouvement vers le port de Shahid-Bahonar par 5 patrouilleurs de la marine iranienne alors qu’il naviguait dans les eaux internationales, à proximité du détroit d’Ormuz. Cet arraisonnement serait lié à un litige financier entre le groupe danois Maersk Line et l’entreprise iranienne Pars Talayieh Oil Product, lequel porterait sur 10 conteneurs envoyés à Dubai en janvier 2005.

« Nous insistons pour demander que l’équipage et le navire soient relâchés dès que possible. L’équipage n’est pas salarié de Maersk Line, et le navire n’appartient pas à Maersk Line non plus », a fait valoir le groupe danois, par voie de communiqué, ce 30 avril. « Le Maersk Tigris et son équipage ne sont par conséquent concernés d’aucune manière par l’affaire, qui est semble-t-il la raison de sa saisie », a-t-il ajouté.

Effectivement, le Maersk Tigris a été loué au numéro un mondial du transport maritime par Rickmers Shipmanagement.

Visiblement, Téhéran voulait à tout prix mettre la main sur un navire marchand censé appartenir à Maerk. Ainsi, au lendemain de l’arraisonnement du Maersk Tigris, le Pentagone a affirmé que 4 patrouilleurs de la composante navale des Gardiens de la révolution avaient « harcelé, quatre jours plus tôt, le Maersk Kensigton, battant pavillon américain.

« Le 24 avril, quatre patrouilleurs iraniens sont venus à l’arrière du Maersk Kensington, et l’ont suivi pendant à peu près 15 à 20 minutes, dans une action interprétée comme agressive par le commandant du Kensington », a ainsi révélé le colonel Steven Warren, un porte-parole du Pentagone. « Le commandant du porte-conteneurs a prévenu la Marine américaine après l’incident et il n’y a pas eu d’implication militaire américaine », a-t-il ajouté.

« Les Etats-Unis appellent l’Iran à respecter toutes les règles internationales sur la liberté de navigation (…) et tous les protocoles établis en la matière », a encore souligné le colonel Warren, qui a en outre précisé que 4 navires américains (le destroyer USS Farragut et 3 patrouilleurs) ont été « envoyés dans la zone du détroit d’Ormuz » afin d’y « conduire des opérations de sécurité maritime ». Et de prévenir : « Ils sont assez proches du Maersk Tigris pour répondre, si une réponse est nécessaire ».

Tout aussi stratégique que le détroit d’Ormuz, celui de Bab el-Mandeb, situé entre le Yémen et Djibouti, fait actuellement l’objet de l’attention toute particulière de la marine iranienne.

« Nous sommes actuellement présents dans le Golfe d’Aden et les destroyers Alborz et Bouchehr patrouillent précisément à l’entrée de Bab el-Mandeb », a affirmé l’amiral  Habibollah Sayari, le chef de la marine iranienne. « Nous y sommes présents conformément aux règles internationales pour assurer la sécurité des navires marchands de notre pays face à la menace des pirates, a-t-il ajouté, avant d’indiquer que ce « groupe naval restera jusqu’au 22 juin dans la zone et sera ensuite relevé par un autre groupe naval iranien ».

Depuis le début de l’année, Téhéran a effectivement fait état de plusieurs attaques de pirates somaliens contre des pétroliers et un bateau de pêche iraniens dans le golfe d’Aden. Seulement, aucun de ces incidents n’a été répertoriés, tant par les opérations Ocean Shield (Otan) et Atalante (UE) que le Bureau Maritime International (BMI).

Cela étant, il n’est pas certain que cette annonce soit du goût des monarchies arabes, d’Israël et de l’Égypte. Le détroit de Bab el-Mandeb voit passer près de 40% du trafic maritime mondial et environ 4 millions de barils de brut par jour (mbj). Ces cargaisons transitent par le canal de Suez, ce qui, avec les droits de passage, constitue une manne financière importante pour Le Caire. Son blocus éventuel poserait aussi un problème à la marine israélienne, qui dispose d’une base navale à Eilat. Tous ces pays suivent de près la situation au Yémen, où des milices chiites, soutenues par l’Iran, contestent le pouvoir du président Abd Rabo Mansour Hadi. Et cela explique, en partie, l’intervention dans ce pays d’une coalition emmenée par l’Arabie Saoudite.

Pour rappel, la semaine passée, la Marine nationale a envoyé le chasseur de mines tripartite (CMT) L’Aigle à proximité du détroit de Bab el-Mandeb, dans le cadre d’un task group constitué par des moyens américains et britanniques, afin de « s’assurer qu’aucune menace mines ne vienne entraver la libre circulation de ce détroit essentiel aux échanges économiques et qui voit passer un important trafic maritime entre la Méditerranée et l’océan Indien ».

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