La France contribuera une possible opération navale visant à éviter les drames de migrants en Méditerranée

Une tragédie a une nouvelle fois eu lieu en Méditerranée, le 19 avril, avec le naufrage d’un navire qui a fait quelque 800 morts parmi des migrants ayant quitté la Libye avec l’espoir d’atteindre l’Italie. Que faire pour éviter de tels drames? Telle est la question à laquelle devront répondre les chefs d’état et de gouvernement des pays membres de l’Union européenne, réunis ce 23 avril lors d’un sommet européen extraordinaire.

L’instabilité de la Libye est la clé du problème. La situation du pays est marquée par l’affrontement entre les libéraux et les islamistes. Et les groupes jihadistes, à commencer par l’État islamique (EI) en profitent pour étendre leur influence.

Par le passé, et après le drame de Lampedusa, en 2013, l’UE avait adopté un plan d’action pour tenter de renverser ce flux migratoire. Mais il n’a jamais été vraiment appliqué. Un autre, en 10 points, a été présenté le 20 avril par le commissaire européen en charge du dossier, Dimitris Avramopoulos. « Nous devons prendre des mesures directes, pratiques et substantielles. Si nous n’agissons pas maintenant, la crise va prendre des proportions dangereuses dans les mois qui viennent », a-t-il ainsi fait valoir.

Ce plan, qui doit être soumis aux dirigeants européens ce 23 avril, prévoit notamment un renforcement des moyens de Frontex,  l’agence de surveillance des frontières avec le doublement des moyens de l’opération Triton.

En outre, une opération militaire, calquée sur le modèle d’Atalante, menée par l’UE au large de la Somalie pour lutter contre la piraterie, pourrait être lancée. Mais à la condition qu’elle soit couverte par une résolution des Nations unies afin de pouvoir « identifier, capturer et détruire les bateaux avant qu’ils ne soient utilisés par les trafiquants ». En clair, il s’agit d’empêcher les départs de Libye, où il est exclu d’intervenir militairement pour neutraliser les passeurs.

Quoi qu’il en soit, cela demandera des moyens militaires. La Belgique a d’ores et déjà annoncé qu’elle mettrait à la disposition de l’opération Triton son navire de commandement et de soutien logistique Godetia. « D’autres formes de soutien telles que des équipes détachées sur des navires ou des moyens de surveillance maritime pourraient aussi être envisagées », a déclaré Charles Michel, le Premier ministre belge.

Le Royaume-Uni, par la voix du chef de son gouvernement, David Cameron, a proposé de fournir le bâtiment amphibie HMS Bulwark, des patrouilleurs ainsi que 3 hélicoptères. Mais, « cela implique que les gens que nous repêcherons ou avec lesquels nous aurons affaire seront emmenés vers le pays sûr le plus proche, le plus probablement l’Italie, et qu’ils ne pourront demander immédiatement l’asile au Royaume-Uni », a prévenu le locataire du 10 Downing Street.

Quant au président Hollande, il a affirmé que la France contribuerait à renforcer les moyens navals en Méditerranée, tout en se gardant, toutefois, d’en donner le détail.

Il faut « renforcer la présence de l’Europe en mer mais également en surveillance. Une décision de renforcement considérable des moyens doit être prise, en tout cas (…) la France y contribuera », a ainsi déclaré le chef de l’État, alors que la Marine nationale est « actuellement en dépassement de son contrat opérationnel », comme l’avait confié en décembre dernier l’amiral Rogel, son chef d’état-major.

Par ailleurs, il faudra que cette éventuelle opération ait des règles d’engagement claires. À plusieurs reprises, il a été rapporté que les passeurs n’hésitaient pas à faire le coup de feu lors des opérations de sauvetage, à tel point que les garde-côtes italiens ont demandé l’autorisation d’être armés.

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