Près de 400 militaires ont pris part à une importante opération contre les orpailleurs clandestins en Guyane

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L’actualité riche des opérations Serval (maintenant Barkhane), Sangaris ou encore Chammal a fait passer second plan les missions menées en Guyane par les forces françaises, notamment celles visant l’orpaillage illégal.

L’opération Harpie a été lancée en 2008 afin de lutter de la manière la plus efficace possible contre les orpailleurs illégaux, dont les activités font augmenter le taux de criminalité tout en dégradant l’environnement, avec la pollution au mercure, utilisé pour amalgamer l’or.

Généralement, ces orpailleurs clandestins, appelés « garimpeiros », viennent du Brésil voisin. En situation irrégulière, le plus souvent, ils peuvent être très dangereux. Plusieurs militaires français y ont laissé la vie, comme le caporal Julien Giffard (1er RI) en 2010 ou encore l’adjudant Stéphane Moralia et le caporal-chef Sébastien Pissot (9e RIMa), tombés dans une embuscade en juin 2012.

Les autorités françaises peinent à mettre un terme à ces activités illégales. Et cela, malgré les destructions régulières de camps d’orpailleurs et la saisie de leurs matériels. En octobre dernier, encore, une des principales bases d’orpaillage clandestin avait été démantelée et 64 personnes furent interpellées dans le massif de l’Inini, au sein du parc amazonien de Guyane, plus grand parc protégé naturel de France. Il avait été saisi, à cette occasion, 94 carbets (abri de bois), 6 quads, 3 concasseurs, 7 moto-pompes, 360 litres de carburant, 4 kg d’explosifs, 11 groupes électrogènes et 23 congélateurs, 3 armes et 105 grammes d’or.

Pour autant, la lutte contre l’orpaillage clandestin relève du mythe de Sisyphe (condamné à faire rouler un rocher éternellement jusqu’en haut d’une colline)… Ce sont près de 10 tonnes d’or qui quittent illégalement la Guyane chaque année (l’orpaillage légal permet d’extrairement seulement 1 à 2 tonnes) et il y aurait, selon les estimations, entre 8.000 et 10.000 « garimpeiros ». En outre, il faut composer avec plusieurs contraintes, à commencer par les conditions climatiques, l’étendue du territoire à surveiller (15.000 km²) et la mobilité des orpailleurs clandestins, qui partent se réfugier au Surinam avant de revenir une fois l’alerte passée.

D’où la planification régulière d’opérations, comme celle qui, appelée Ambakia, vient de se terminer dans les bassins de l’Abounami et de l’Inini.Cette dernière a mobilisé près de 400 militaires, dont une soixantaine de gendarmes, ainsi que des moyens de l’armée de l’Air, qui dispose sur place de 5 hélicoptères Puma, de 4 Fennec et de 3 avions CASA CN235.

L’essentiel du détachement a été founi par le 3e Régiment Étranger d’Infanterie (REI), le 9e RIMa et le 3e Régiment du Génie. Le compte-rendu hebdomadaire de la DICoD précise que 60 chantiers illégaux d’orpaillage ont ainsi été détruits.

« Cette opération s’est traduite par des manœuvres pérennes de contrôle de secteurs clés et d’axes logistiques, ainsi que par l’engagement de détachements héliportés, entraînant la déstabilisation des orpailleurs illégaux », explique l’État-major des armées (EMA). Et d’ajouter : « la mise en œuvre de procédés tels que la destruction de puits, l’extraction de matériels majeurs saisis, ou encore la mise en place de sous-groupements aéromobiles et de détachements interarmées portent leurs fruits et contribuent ainsi à exercer une pression continue sur les structures liées à l’orpaillage illégal ».

Selon les chiffres donnés par l’EMA, ces actions de ce type ont permis, ces 6 derniers mois, de réduire de plus de « 30% le nombre de sites d’orpaillage illégal ». Et « près de 465 grammes d’or, et 3,640 kg de mercure ont été saisis », de même que « 68 moteurs, 18 concasseurs, 23 pompes, 15 propulseurs, 20 quads, 20 pirogues et 73 groupes électrogènes. » Enfin, 10 puits et 1 tunnel ont été détruits.

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