Selon le chef du Pentagone, al-Qaïda dans la péninsule arabique étend son emprise au Yémen

Les États-Unis vont accélérer la livraison d’armes et de munitions à leurs alliés du golfe arabo-persique actuellement engagé au Yémen, dans le cadre d’une coalition emmenée par l’Arabie Saoudite contre les rebelles houthis, soutenus par Téhéran. C’est ce qu’a annoncé, ce 8 avril, à Ryad, Antony Blinken, le numéro deux de la diplomatie américaine. « Nous avons expédié des cargaisons d’armes, nous avons accru nos échanges de renseignement et nous avons créé une cellule de coordination au centre de commandement saoudien », a-t-il affirmé.

Ces propos ont été tenus alors que les rebelles houthis (de confession zaïdite, une branche du chiisme), appuyés par des militaires restés fidèles à l’ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh, concentraient leur action sur le quartier de Crater, qui, situé au centre de la ville portuaire d’Aden, est l’un des derniers bastions des forces gouvernementales.

Visiblement, les raids aériens menés par la coalition arabe n’ont pas beaucoup d’effet sur les rebelles, qui continuent donc leur progression. En tout cas, cette situation fait le jeu d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), la branche du réseau fondé par Ben Laden qui est sans doute la plus dangereuse. Pour rappel, c’est elle qui a revendiqué l’attaque menée contre Charlie Hebdo, le 7 janvier dernier.

Avant l’offensive des rebelles chiites, les États-Unis menaient des opérations de contre-terrorisme dans le pays, en plein accord avec les autorités yéménites. Ces dernières étant en très grande difficulté, quand elles ne sont pas absentes – le président Abd Rabbo Mansour Hadi a dû s’exiler, AQPA a désormais les coudées franches. L’une des dernières frappes menées par un drone américain a eu lieu en février dernier et a été fatale à Hareth bin Ghazi al-Nadhari, un haut responsable de l’organisation jihadiste qui avait menacé la France.

Quoi qu’il en soit, au cours de ces derniers jours, AQPA s’est emparé d’un quartier général de l’armée yéménite et du port de Moukalla, de même qu’un poste à la frontière saoudienne. « Nous les voyons enregistrer des avancées sur le terrain », a affirmé Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense. Et de promettre que les États-Unis continueraient à frapper ce réseau jihadiste, malgré la situation chaotique qui règne au Yémen. Ce qui risque toutefois d’être compliqué…

Et histoire de brouiller davantage une situation qui n’en a décidément pas besoin, Gulbuddin Hekmatyar, le chef afghan du Hezb-e-Islami (qui avait revendiqué l’embuscade d’Uzbeen contre les militaires français en 2008), vient d’entrer dans la ronde. Ex-allié d’Oussama Ben Laden, ce seigneur de guerre dont on n’avait que peu de nouvelles au cours de ces derniers mois, a proposé d’envoyer des « milliers » de combattants au Yémen pour contrer les milices chiites.

« Tous les musulmans doivent s’unir contre l’Iran » qui « interfère » dans les affaires du Yémen, après le Liban et l’Irak », a estimé le Hezb-e-Islami, via un communiqué publié sur son site Internet.

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