Accord franco-allemand sur les satellites d’observation et la prochaine génération de drones MALE

En décembre 2010, la Direction générale de l’armement (DGA) donna le coup d’envoi pour la réalisation de deux satellites d’observation de type CSO (composante spatiale optique) dans le cadre du programme d’imagerie spatiale de défense et de sécurité MUSIS (Multinational space-based system), mené en coopération avec d’autres pays européens.

Il s’agit, avec MUSIS, de remplacer les satellites actuellement utilisés par la France (Helios), l’Allemagne (Sar Lupe) et l’Italie (Cosmo-SkyMed) par d’autres engins plus performants et associant les capacités (imagerie optique, optique infrarouge et radar) de leurs prédécesseurs.

S’agissant des satellites CSO, conçus par Astrium (Airbus DS)  et Thales Alenia Space à Toulouse, il était question de réaliser un troisième exemplaire, sous réserve de trouver un partenaire afin d’en partager le financement. C’est désormais chose faite.

À l’issue d’un conseil des ministres franco-allemand, le 31 mars, Berlin a accepté, sans contreparties industielles, de financer aux deux tiers un 3e satellite CSO, ce qui représente un investissement d’un peu plus de 200 millions d’euros.

Et cela après 10 ans de discussions qui n’avaient jusqu’alors jamais abouti, le gouvernement allemand voulant mettre en avant, dans ce dossier, les industriels OHB et Airbus Defence & Space Allemagne. En échange, la Bundeswehr aura droit à un certain pourcentage de droits d’accès aux images obtenus par les trois satellites CSO.

Mais pour obtenir un tel accord, la partie française a dû faire une concession. Pour compenser l’absence de retombées industrielles dans le dossier des satellites CSO, Berlin a obtenu d’être le principal acteur pour projet de drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) européen de 3e génération, porté par Airbus Group, Dassault Aviation et Finmeccanica.

« Notre effort en matière de drones de surveillance et d’ISR [Intelligence, Surveillance, Reconnaissance] devrait être accentué, avec notamment, dès cette année, le lancement des études relatives au futur drone européen, que la France envisage à l’horizon 2025 avec l’Allemagne et l’Italie », avait affirmé Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, lors d’une conférence de presse donnée le 11 mars.

Un accord de principe sur le lancement des études de faisabilité de cet appareil sera signé à l’occasion du prochain Salon du Bourget, en juin et un « marché industriel de définition », d’un montant de 60 millions d’euros, sera noitifié aux industriels à la fin de cette année. Au total, le coût de développement d’un drone MALE européen est estimé à 1 milliard d’euros.

Restera donc à s’entendre pour le financer, d’autant plus que le besoin potentiel de ces engins pour les trois pays engagés dans cette affaire serait de 30 à 40 exemplaires, ce qui est peu pour assurer la viabilité d’une filière européenne. À moins de remporter quelques contrats à l’exportation et de faire de l’ombre aux industriels américains et israéliens qui ont déjà plusieurs longueurs d’avance dans ce domaine.

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