Une ancienne base navale norvégienne accueille des navires russes

norvege-20150331« Aujourd’hui, chacun sait le prix de toutes choses, et nul ne connaît la valeur de quoi que ce soit », a écrit Oscar Wilde. Et c’est la phrase qui vient à l’esprit quand on pense à la grossière erreur d’appréciation commise par le gouvernement norvégien il y a 7 ans.

En 2008, le gouvernement norvégien, alors conduit par Jens Stoltenbeg, devenu depuis le secrétaire général de l’Otan, a en effet décidé de vendre, ni plus ni moins, la base sous-marine d’Olavsvern, près du port de Tromsø, c’est à dire la seule située dans le Grand Nord, alors maintenant, avec le réarmement et les ambitions russes, Oslo veut y accroître sa présence militaire.

Cette décision aurait été compréhensible si la Norvège avait renoncé à ses sous-marins… Sauf que ce n’est pas le cas. Et pour cause! « Je ne pense pas que la Norvège cessera jamais d’avoir sa propre flotte sous-marine, parce que nous avons de grandes zones maritimes et que la Russie est un voisin. Nous avons 2 millions de km² de mer à surveiller, en dehors de la mer du Nord », avait expliqué, en 2012, Espen Barth Eide, alors ministre de la Défense.

Résultat des courses : la base d’Olavsvern, qui a coûté 500 millions d’euros pour être construite à flanc de montagne, a été bradée à 40 millions seulement. Faut dire que les finances publiques norvégiennes, grâce au pétrole, n’avaient pas vraiment besoin d’une telle rentrée d’argent. Mais plus que l’aspect financier, c’est surtout la valeur stratégique de ce site militaire qui a été totalement occulté… De quoi donner, une nouvelle fois, raison à Oscar Wilde.

Et cela d’autant plus que, le changement climatique aidant, l’Arctique promet d’être une région disputée en raison du trafic maritime qui devrait augmenter et surtout des ressources naturelles (pétrole, gaz) de son sous-sol qui pourront être exploitées.

Ne disposant plus de cette base, les sous-marins norvégiens sont maintenant obligés de parcourir des centaines de milles pour rejoindre le Grand Nord.

« On a vendu la seule base digne de ce nom qu’on avait là-haut. C’est de la pure folie », a lancé l’ex-vice-amiral Einar Skorgen, ancien commandant de la Marine dans le Nord de la Norvège. « Nous sommes les seuls avec la Russie à opérer en permanence en mer de Barents, où nous avons une frontière commune. Il est évident que notre Marine doit y être stationnée, y compris nos sous-marins », a-t-il continué. « Si les bateaux ne sont pas là où on en a besoin, autant les mettre au rancart », a-t-il ajouté, selon l’AFP.

Le vice-amiral Skorgen a de quoi être colère quand on sait que le site d’Olavesvern a été vendu pour une bouchée de pain à un homme d’affaires qui le loue maintenant à des navires  de recherche ou de collecte de données sismiques… russes. Trois d’entre eux y ont d’ailleurs passé l’hiver. Et les informations qu’ils sont suceptibles de collecter peuvent avoir un intérêt militaire.

« La Russie est un pays où l’État a un droit de regard dans toutes les activités commerciales ou semi-publiques. C’est clair: il y a peu de gens qui savent ce qui se passe à partir de ces bateaux », a souligné l’ex-vice-amiral Jan Reksten, ancien numéro deux de l’armée norvégienne.

Vendre une base stratégique pour qu’une autre puissance avec laquelle on est susceptible d’être en concurrence puisse en profiter… C’est ce qu’on appelle se tirer une balle dans le pied.

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