Ceux de 14 (6) : La fin tragique du Cuirassé Bouvet lors de la bataille des Dardanelles

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Quand on pense à la Première Guerre Mondiale, l’image des Poilus dans leurs tranchées vient à l’esprit, de même que les exploits d’un Guynemer, d’un Fonck ou d’un Nungesser dans les airs. Et on songe plus rarement aux marins, alors que les combats sur les mers ont aussi fait rage, avec par exemple les sous-marins allemands qui tentèrent de couper les lignes d’approvisionnement du Royaume-Uni dans l’Atlantique ou encore avec la bataille du Jutland.

En février 1915, à l’initiative de Winston Churchill, alors premier Lord de l’Amirauté britannique, il est décidé une opération visant à s’assurer du contrôle du détroit des Dardannelles, porte d’accès à la mer Noire, afin de rompre l’isolement de la Russie.

Pour rappel, la Turquie était alors alliée à l’Allemagne tandis que la France, le Royaume-Uni et la Russie faisaient partie de la « Triple-Entente ».

Pour contrôler l’accès à la mer Noire, il fallait donc détruire les batteries d’artillerie turques. Le 18 mars, une flotte franco-britannique, composée de cuirassés, de croiseurs et de destroyers, tenta de forcer le détroit. L’opération, dirigée par l’amiral britannique John de Robeck, fut décidée après l’interception de messages allemandes suggérant que les défenseurs turcs étaient à court de munitions…

La participation française, placée sous le commandement de l’amiral Guépratte, comptait notamment 4 navires de ligne, dont le cuirassé Bouvet, entré en service en 1896 et mis en oeuvre par un équipage de plus de 700 marins, placés sous les ordres du capitaine de vaisseau Rageot de la Touche.

Pendant plusieurs heures, la flotte franco-britannique pilonna les batteries turques des forts de Yeni-Medjidieh et de Namazieh. Seulement, ces dernières opposèrent une résistance inattendue… Alors très avancé dans le détroit, Le Bouvet, qui leur porta pourtant des coups sévères, reçut 8 obus ennemis qui lui causèrent des dégâts assez mineurs. [plus : lire le compte-rendu de l’amirauté britannique]

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Considérant ce qu’il était vain de continuer l’offensive, l’amiral de Robeck ordonna un mouvement de retraite. En faisant machine-arrière, à 13h58 exactement, le cuirassé Bouvet, heurta une mine dérivante sur tribord. Sa coque éventrée par l’explosion, sa salle des machines rapidement envahie par l’eau, le navire chavira et coula en moins de 5 minutes, emportant avec lui 648 marins. On ne comptera que 75 hommes rescapés.

Le naufrage rapide du Bouvet fait encore aujourd’hui l’objet d’études. Il s’agit ainsi de comprendre comment le cuirassé a-t-il pu couler aussi rapidement afin d’éviter qu’un tel drame puisse se reproduire à l’avenir et d’améliorer ainsi les navires futurs.

Avant de rejoindre la mer Noire, il y a quelques jours, la frégate La Fayette n’a pas manqué de rendre un hommage aux marins disparus du cuirassé Bouvet, avec une gerbe de fleurs jetée dans les flots. Une autre cérémonie est prévue les 15 et 17 mais prochains au Mémorial national des marins morts pour la France, à la Pointe Saint-Mathieu dans le Finistère.

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