Les députés britanniques appellent à un sursaut en matière de défense

british-20150303À quelle sauce seront mangées les forces armées britanniques après les élections générales de mai prochain? Après avoir leurs ressources diminuer de 8% depuis 2010, ce qui les a obligé à réduire leurs effectifs et à fermer bases et casernes, il se murmure que des économies supplémentaires pourraient leur être demandées prochainement. Le très sérieux Royal United Services Institute les a évaluées à 35 milliards de livres sur les 10 prochaines années. Mais il s’agit de l’option la plus pessimiste.

Quoi qu’il en soit, la perspective de nouvelles coupes budgétaires imposées au ministère britannique de la Défense ne manque pas d’inquiéter les dirigeants américains étant donné qu’ils vont jusqu’à remettre en question la fiabilité du Royaume-Uni en tant qu’allié militaire.

« Dans le passé, nous avions une division de la British Army travaillant aux côtés d’une division américain », nous avons maintenant « une brigade britannique intégrée à une division américaine, voire un bataillon britannique intégré à une brigade américaine », a récemment souligné le général Ray Odierno, le chef d’état-major de l’US Army.

La cure d’austérité imposée par le gouvernement de David Cameron a fait des dégâts. Ainsi, par exemple, les forces britanniques, privées d’avions de patrouille maritime, sont maintenant contraintes d’en appeler à l’Otan quand un sous-marin russe présumé joue à cache-cache non loin de la base navale de Faslane, en Écosse.

Mais David Cameron en a-t-il conscience, lui qui croyait encore récemment que son pays était le contributeur le plus important de la coalition anti-EI après les États-Unis, oubliant, au passage, l’engagement conséquent des forces françaises? (il est vrai que la présence d’un porte-avions sur zone aide beaucoup…).

Quoi qu’il en soit, les députés de la commission de la Défense de la Chambre des communes sont bien décidé à arrêter le « massacre ». Dans un rapport qu’ils ont remis le 24 mars, ils ont estimé que le Royaume-Uni devait d’urgence reconstruire ses capacités militaires dans un contexte de menaces mondiales croissantes.

La Russie, qui conteste « les frontières de nations européennes » fait partie de ces dernières, au même titre que « les problèmes de sécurité au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie du Sud », lesquels ont augmenté de « façon spectaculaire ». Aussi, « le monde est plus dangereux et instable que jamais depuis la fin de la guerre froide », a fait valoir le comité.

« Mais les moyens actuels de défense dont dispose la Grande-Bretagne ne sont pas suffisants face à cet environnement transformé. La Grande-Bretagne doit reconstruire ses capacités conventionnelles rognées depuis la guerre froide », ont ainsi plaidé les parlementaires, pour qui le maintien de l’effort de défense à hauteur de 2% du PIB [conformément à la norme Otan] risque de ne pas être suffisant, au vu de l’ampleur de la tâche.

Outre la nécessité d’acquérir à nouveau des capacités perdues, il s’agit également d’en développer de nouvelles pour répondre à la menace de « guerre hybride » (mélange de cyber-attaques, d’opérations subversives et d’emploi de forces spéciales), comme on l’a vu en Ukraine.

S’agissant de la Russie, le comité a souligné qu’elle était en mesure de déployer 150.000 hommes en 72 heures, comme cela fut le cas lors de l’exercice Zapad 2013, alors qu’il faudrait 6 mois à l’Otan pour arriver au même résultat.

Alors, où trouver l’argent pour financer cet effort significatif? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, en abandonnant l’idée de mettre en service le HMS Prince of Wales, le second porte-avions destiné à la Royal Navy après le HMS Queen Elizabeth. En fait, les députés britanniques sont très pragmatiques.

Ainsi, considérant que le choix du F-35B (à décollage court et à atterrissage vertical) n’est pas le plus judicieux en terme de coûts, de performances et d’interopérabilité avec les forces navales françaises et américaines, les députés ont estimé qu’ils ne seront pas en nombre suffisant pour équiper deux porte-avions (seulement 14 ont été commandés à ce jour). En outre, la Royal Navy, au vu de son format actuel, n’aurait pas les effectifs suffisants pour armer deux navires de ce type, d’autant plus qu’il faudra leur constituer un groupe aéronaval pour assurer leur protection.

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