Yémen : Le détroit stratégique de Bab el-Mandeb sur le point d’être contrôlé par des miliciens soutenus par l’Iran

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L’Iran contrôle déjà le détroit d’Ormuz, par lequel transitent 40% du trafic pétrolier mondial, d’où son importance stratégique. D’ailleurs, Téhéran ne se prive d’évoquer son éventuel blocage en cas d’attaque de ses installations nucléaires. Un autre, celui de Bab el-Mandeb, est sur le point de connaître le même sort, via les miliciens chiites Houthis, qui, soutenus par le régime iranien, sont en passe de s’emparer du pouvoir au Yémen.

Situé entre la mer Rouge et le golfe d’Aden, le détroit de Bab el-Mandeb fait tout l’intérêt de Djibouti, où la France, les États-Unis et le Japon disposent de moyens militaires, et où la Chine et la Russie cherchent à s’y implanter.

Et pour cause : il voit passer près de 40% du trafic maritime mondial. Hormis pour ces puissances, il est important pour l’Égypte étant donné qu’il donne accès au Canal de Suez, pour Israël, qui, avec Eilat, dispose d’un port donnant sur la mer Rouge ainsi que pour l’Arabie Saoudite, qui craint de voir ses exportations de pétrole vers l’Asie empêchées.

Pour le moment, les rebelles houthis font route vers le port de Mocha, à 80 km de la ville de Taëz, contre laquelle ils ont lancé une offensive il y a quelques jours. S’ils mettent la main sur la partie yéménite du détroit, alors l’Iran pourrait avoir toute les cartes en main pour faire pression sur les puissances occidentales dans les négociations portant sur son programme nucléaire.

Toutefois, Richard Dalton, ex-ambassadeur britannique en Iran et désormais chercheur à l’institut Chatham House, en a relativisé la portée. « Il n’y a aucune preuve d’une quelconque influence iranienne sur les Houthis ou d’une éventuelle intention de Téhéran d’exercer des pressions en vue de perturber le trafic maritime », a-t-il fait valoir, rapporte l’AFP. « Les Iraniens sont en faveur du libre passage et respectent les règlent », a-t-il assuré, avant d’estimer « peu probable que les Iraniens ou le mouvement Houthi cherchent à entraver le mouvement des navires. »

Quoi qu’il en soit, pour l’Arabie Saoudite, le contrôle d’une rive du détroit de Bab el-Mandeb par les miliciens chiites – et donc indirectement par l’Iran –  est une ligne rouge. Seulement, cela semble inéluctable : les autorités yéménites légales ont visiblement perdu le contrôle de la situation et les États-Unis ont évacué leurs troupes du pays « pour des raisons de sécurité ». En outre, l’État islamique y a fait son apparition avec un trois attentats suicide qui ont fait plus de 140 tués le 20 mars. Et c’est sans oublier la présence d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), qui est la plus dangereuse des filiales du réseau fondé par Oussama Ben Laden.

Cela étant, une action militaire saoudienne n’est pas à exclure. Les pays du Golfe « prendront les mesures nécessaires pour protéger la région contre l’agression des milices chiites houthies au Yémen en l’absence de solution politique », a prévenu, selon Reuters, Saoud al-Faiçal, le ministre saoudien des Affaires étrangères, ce 23 mars, lors d’une conférence de presse donnée aux cotés de Philip Hammond, son homologue britannique.

Ce dernier a déclaré que Londres entend s’entretenir avec Riyad et Washington afin de trouver des solutions pour soutenir Abd-Rabbou Mansour Hadi, l’actuel président yéménite. « Aucun d’entre nous ne souhaite une action militaire », a-t-il dit.

MàJ-1 : Ajout de l’estimation de Richard Dalton, chercheur à l’institut Chatham House

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