UE : La France est en bonne voie d’obtenir la non prise en compte de l’effort de défense dans le calcul du déficit public

Une « réunion franche et directe » qui a été utile… C’est ainsi que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a qualifié l’échange entre le Premier ministre, Manuel Valls, et le collège des commissaires européens, à Bruxelles, le 18 mars.

D’après le Figaro, le chef du gouvernement français a évoqué les questions de défense à cette occasion [le quotidien indique que le discours de M. Valls a été mis en ligne sur le site de Matignon… mais il est introuvable, ndlr].

« L’Europe a désarmé et a affaibli ses défenses. J’ai noté avec intérêt ce que Jean-Claude Juncker a déclaré il y a quelques jours sur une armée européenne. Ma réponse est simple : cette armée, elle existe, en l’état … car c’est la France qui en assume le plus gros de la charge, notamment au Mali et au Sahel, pour lutter contre le terrorisme », a ainsi affirmé le Premier ministre, en écho à une proposition faite par le président de la Commission il y a quelques jours.

Toutefois, M. Vall semble oublier que des forces armées européennes ont poursuivi leur engagement en Afghanistan pendant que l’armée française intervenait au Mali.

« Aujourd’hui la responsabilité de la sécurité européenne n’est pas équitablement répartie. Or mon pays ne peut ni ne veut tout faire seul (…) Nous devons avoir un débat sur la manière de mieux mutualiser les dépenses et de les répartir entre Européens. L’Europe doit prendre ses responsabilités », a encore ajouté M. Valls.

À plusieurs reprises, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a défendu l’idée d’exclure du calcul des déficits publics (qui ne doivent pas dépasser les 3% du PIB, Maastricht oblige) certaines dépenses militaires, notamment celles liées aux opérations extérieures.

Lors de la prochaine rencontre franco-italienne au format 2+2 (Défense et Affaires étrangères), qui se tiendra le 21 mars à Caen, ce sujet sera évoqué, puisqu’il sera question de préparer le Conseil européen des 25 et 26 juin « avec une convergence de vues su l’opportunité de défendre la non comptabilisation de l’effort de défense des États membres dans le calcul de leur déficit ».

Alors que Pierre Moscovici, désormais commissaire européen aux Affaires économiques, a récemment affirmé, à l’Assemblée nationale, que l’idée d’exclure les dépenses militaires du calcul des déficits n’était « pas sur la table », Jean-Claude Juncker l’a évoquée sur les ondes d’Europe1, le 19 mars, en répondant à une question portant non pas sur la création d’une armée européenne mais sur la nécessité d’une « défense européenne ». Ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

« Je crois que nous sommes en face d’un risque de guerre polymorphe et donc la menace terroriste doit être prise en compte quand nous discutons des moyens de défense de l’Europe », a ainsi affirmé le président de la Commission. « L’armée française, qui est une des seules armées européennes à savoir déployer rapidement ses moyens, sauve très souvent l’honneur de l’Europe. Sans l’armée française, l’Europe serait sans défense », a-t-il estimé, en faisant référence, notamment, au Mali.

Aussi, M. Juncker s’est dit favorable à « une prise en charge plus collective de cet effort de défense qui est celui de la France » car « pour sauver l’honneur de l’Europe il faut mettre de l’argent ».

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