Le contre-espionnage militaire allemand redoute l’infiltration de jihadistes dans les rangs de la Bundeswehr

Au début de cette année, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a indiqué que quelques anciens militaires français – à peine une dizaine – avaient rejoint les rangs de l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie et en Irak. Et d’insister sur le fait que ces cas « sont d’une extrême rareté ».

Ce phénomène touche également d’autres pays européens, comme la Belgique ou les Pays-Bas. Mais ce qui est sans doute le plus inquiétant est la présence d’individus radicalisés dans les rangs des forces armées. Il faut en effet pouvoir les repérer – c’est le rôle des service de contre-ingérence, comme la DPSD en France – avant qu’ils ne puissent commettre l’irréparable. Aux États-Unis, un commandant endoctriné par Anwar al-Aulaqui, un responsable d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), a ainsi ouvert le feu sur ses camarades à Fort Hood, en novembre 2009.

Ce travail peut se faire avant leur engagement, pour peu qu’ils soient déjà radicalisés. C’est en tout cas l’option que préconise Christof Gramm, le patron du Militärgeheimdienstes (MAD), le contre-espionnage militaire allemand. Selon ce dernier, des jihadistes pourraient s’engager dans la Bundeswehr afin d’acquérir l’expérience des armes et du combat.

« Si un islamiste suffisamment habile se présente en dissimulant les raisons qui l’animent, il sera difficile de l’empêcher de s’engager », a-t-il affirmé, dans les colonnes du quotidien Die Welt, au début de ce mois. D’où sa proposition de mettre en place des procédures de contrôle portant notamment sur les antécédents des recrues, comme cela est pratiqué pour les postes sensibles.

« Nous tenons à vérifier la loyauté futures des recrues », a-t-il insisté. Et cela vaut aussi bien pour les adeptes de l’islam radical que pour les militants d’extrême-droite. Toujours d’après M. Gramm, 20 anciens soldats de la Bundeswehr auraient rejoint l’EI. Il est estimé que 600 ressortissants allemands en ont fait de même.

« Chaque cas est un de trop », a commenté, à ce sujet, un porte-parole du ministère allemand de la Défense. Sur l’idée de réaliser des contrôles plus stricts sur les recrues, il a précisé qu’ils devaient être « légalement admissibles » et « gérables dans la pratique ».

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