M. Poutine affirme avoir envisagé l’option nucléaire en cas d’intervention occidentale en Crimée

Il y a un an, des hommes armés ne portant aucun signe distinctif s’emparaient des sites stratégiques de la Crimée. Peu après, cette république autonome ukrainienne, siège de la Flotte russe de la mer Noire, était annexée par la Russie, à l’issue d’un référendum.

À aucun moment il n’a été envisagé une intervention militaire occidentale en Crimée afin de contre-carrer les visées russes sur ce territoire. À l’époque, l’Otan décidéa d’envoyer des avions supplémentaires dans les États baltes, dans le cadre de la mission Baltic Air Policing et des avions AWACS furent sollicités pour assurer une veille aérienne au-dessus de la Pologne.

En revanche, dans la région de la Crimée, le destroyer américain USS Truxtun (classe Arleigh Burke) fut envoyé en mer Noire pour des exercices avec les forces navales bulgares et roumaine, lesquels avaient été planifiés bien avant le début de la crise. Pour autant, Moscou a semble-t-il vu une menace dans cette présence d’un navire de l’US Navy dans le voisinage.

Ainsi, dans un entretien accordé à la chaîne publique Rossia1, le président Vladimir Poutine, qui vient de réapparaître après 10 jours d’absence, a reconnu que les forces russes avaient déployé des batteries de missiles de défense côtière K-300P Bastion en Crimée afin de dissuader le destroyer américain.

« C’est la batterie de défense côtière la plus efficace à ce jour. Et à un certain moment, pour que tout le monde comprenne que la Crimée est bien défendue, nous avons transféré là-bas ces batteries », a expliqué le président russe. Ces systèmes avaient été signalés par les services occidentaux dès le 15 mars.

Lors de l’émission de Rossia1, le chef du Kremlin a même affirmé qu’il avait envisagé de mettre en état d’alerte les forces stratégiques [nucléaires, ndlr] russes. « Nous étions prêts à le faire (…) et à faire face à la tournure la plus défavorable qu’auraient pu prendre les événements », a-t-il dit.

« On ignorait alors » si les Occidentaux (comprendre l’Otan) allaient intervenir militairement, a expliqué M. Poutine. « C’est pourquoi j’ai été obligé de donner les instructions qu’il fallait à nos forces armées (…), de donner des ordres sur l’attitude de la Russie et de nos forces armées en toutes circonstances », dit-il expliqué.

« J’ai parlé avec mes collègues [ndlr, occidentaux] et je leur ai dit que c’était notre territoire historique, que des Russes habitaient là-bas, qu’ils étaient en danger et que nous ne pouvions pas les abandonner », a poursuivi le président russe. « C’était une position franche et ouverte. Et c’est pourquoi, je ne pense pas que quelqu’un ait eu envie de déclencher un conflit mondial », a-t-il ajouté.

Coup de bluff? Opération de communication à destination de l’opinion publique russe en dramatisant à l’attitude des Occidentaux au sujet de la Crimée?  Toujours est-il que la doctrine nucléaire russe, sortie en 2010, indique que « la Russie se réserve le droit d’utiliser des armes nucléaires en cas d’attaque aux armes nucléaires ou autres armes de destruction massive contre elle et/ou ses alliés, ainsi qu’en cas d’agression avec des armes conventionnelles mettant en danger l’existence même de l’État ».

Cette position a été réaffirmée dans le document réactualisant la doctrine militaire russe, publié par le Kremlin en décembre 2014. En clair, dans l’esprit de M. Poutine, une possible intervention en Crimée – à laquelle personne n’a songé – aurait donc mis « en danger l’existence même de l’État »… Rien que ça.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]