Les futurs avions de combat belges devront-ils avoir une capacité nucléaire?

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On devrait savoir, l’été prochain, si la capacité nucléaire fera partie des critères retenus pour sélectionner le futur avion de combat, lequel remplacera le F-16 en service depuis les années 1980 au sein de la composante aérienne de la Défense belge. Et cette question est loin d’être anodine.

La Belgique, comme 4 autres pays de l’Otan (Allemagne, Italie, Pays-Bas et Turquie), accueille sur son territoire un dépôt d’armes nucléaires tactiques (ANT) B-61 américaines selon le principe dit de la « double clé ».

En clair, cela veut dire que les chasseurs-bombardiers des pays alliés concernés ont la capacité d’emporter de telles armes mais que le contrôle (donc leur code d’armement) de ces dernières relève exclusivement des États-Unis. En outre, des travaux sont en cours pour moderniser la B-61 afin de la rendre encore plus précise (version B-61-12).

Aussi, la question de cette capacité nucléaire peut être déterminante pour la suite du programme Air Combat Capability (ACCap) de la Défense belge et pour lequel 5 industriels ont d’ores et déjà été sollicités pour information, à savoir Boeing (F-18 Super Hornet), Dassault Aviation (Rafale), Saab (Gripen), Eurofighter et Lockheed-Martin (F-35A).

Certains responsables politiques belges estiment que ce critère donnera un avantage définitif au F-35A. Et les choix des autres pays qui abritent ces armes nucléaires tactiques sur leur sol ne sont pas fait pour les convaincre du contraire. En effet, les Pays-Bas, la Turquie et l’Italie ont opté pour l’appareil de Lockheed-Martin, l’Allemagne n’ayant pas de plans pour remplacer ses Panavia Tornado.

« Si les nouveaux avions devaient avoir les mêmes missions nucléaires qu’aujourd’hui, cet appel [d’offres] n’a aucun sens. Jamais, l’armée américaine ne partagera ses codes de mise à feu et de largage », a ainsi estimé le député belge Georges Dallemagne. Cependant, ce n’est pas tout à fait exact.

Ainsi, selon les plans du Pentagone dévoilés à l’occasion de la demande de budget pour l’année fiscale 2015, il est prévu d’intégrer la B-61-12 aussi bien sur le F-16 que le F-35A et… le Panavia Tornado, développé en commun par l’Italie, le Royaume-Uni, et l’Allemagne. En d’autres termes, le type d’appareil ne pose a priori pas de problème…

« Les spécifications techniques dépendront du ‘level of engagement’ (niveau d’engagement) et on en décidera dans le plan stratégique qui définira ce qu’on attend exactement d’un avion de chasse », a fait valoir Steven Vandeput, le ministre belge de la Défense.

Cela étant, en 2010, la Belgique avait demandé, avec le Luxembourg, la Norvège, l’Allemagne et les Pays-Bas, un débat sur l’avenir de ces ANT et plus globalement, un « grand débat sur la politique nucléaire de l’Otan ». Au final, rien n’a bougé.

Mais plus que la question de la capacité nucléaire que devront avoir – ou pas – les futurs chasseurs bombardiers belges, c’est la surveillance conjointe avec les Pays-Bas de l’espace aérien du Bénélux qui préoccupent ceux qui veulent un appel d’offres non faussé. Pour ces derniers, il s’agirait ni plus ni moins d’un « prélude » à l’acquisition du F-35A, avec l’argument d’une mutualisation plus poussée entre les forces aériennes des deux pays.

« La surveillance n’aura pas de conséquence sur les achats militaires », a, là-encore, fait valoir Steven Vandeput. Et si des « effets d’échelle » seront prépondérants, cela ne signifie pas, selon lui, que la Belgique fera le même choix que les Pays-Bas étant donné qu’ils pourront être « recherchés dans d’autres pays ».

Et le ministre belge a fort à faire avec son prédécesseur, Pieter DeCrem, désormais secrétaire d’Etat au Commerce extérieur (c’est à dire qu’il a été mis au placard, si l’on en croit la presse francophone d’outre-Quiévrain), qui ne cesse de pousser ouvertement la candidature du F-35A (qui est le plus cher)  et d’inciter le gouvernement à trancher rapidement, comme il l’a fait le mois dernier lors des « Journées diplomatiques« .

« Si mon collègue a, dans ses budgets, le budget nécessaire pour acheter n’importe quel avion, il est libre de le faire », a taclé M. Vandeput, en répondant à une question posée sur les propos de M. DeCrem, lors d’une séance au Parlement.

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