M. Le Drian veut un effort sur les hélicoptères de manoeuvre et les moyens de transports aériens tactiques

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Lors de la conférence de presse qu’il a donnée le 11 mars, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a rappelé les cinq « grandes orientations » de l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019 qui sera soumise au Parlement d’ici l’été prochain.

La première concerne bien évidemment les effectifs. Le président Hollande a décidé de supprimer moins de postes que prévus en raison du fort taux d’engagement des armées au point que ces dernières ont dépassé leur contrat opérationnel. Dans un premier temps, il a été décidé le maintien de 7.500 postes sur les 34.000 à supprimer pendant la durée de l’actuel LPM. Puis, le 11 mars, le chef de l’État a indiqué qu’il était question d’aller encore « au-delà » de ce seuil. Aussi, « l’actualisation intègrera le nouveau modèle de l’armée de terre, qui s’intitule ‘Au contact!’, a précisé M. Le Drian.

Il s’agira également de renforcer « la citoyenneté des militaires », avec la possibilité pour les soldats de constituer des associations professionnelles pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux. Le président Hollande avait annoncé un projet de loi allant dans ce sens en décembre dernier.

Reste la question des moyens. L’une des grandes orientations visera à « accentuer un certain nombre de priorités fixées en 2013 », notamment en matière de renseignement, de forces spéciales et de cyberdéfense.

Une autre consistera à « lever les hypothèques concernant les équipements majeurs de nos forces et conforter notre politique industrielle », ce qui suppose, dixit M. Le Drian, « de « redoubler d’efforts » pour décrocher des contrats d’armement à l’exportation. « À ces conditions, nous pourrons effectuer les investissements prévus par la LPM pour la modernisation de nos forces, modernisation d’autant plus indispensable que nos matériels sont soumis à une usure accélérée en raison du haut niveau d’engagement des armées », a-t-il plaidé.

S’agissant du budget, le ministre veut « crédibiliser et sanctuariser les ressources financières nécessaires à la LPM », soumises aux aléas des recettes exceptionnelles (REX), par essence incertaines, comme on peut le constater en 2015. D’où le recours à des sociétés de projet [ndlr, qui rachèteront des matériels aux armées pour ensuite les leur louer], qui pourront être créées après la promulgation de la loi pour la croissance et l’activité (sous réserve, toutefois, que certaines dispositions de ce texte ne soient pas retoquées par le Conseil constitutionnel).

Bien évidemment, la question du financement du renforcement de certaines capacités est primordial et l’on voit mal comment le budget de la Défense ne pourrait pas augmenter dans les années qui viennent afin de prendre en compte le maintien des effectifs ainsi que… l’acquisition de nouveaux équipements.

En effet, l’actualisation de la LPM devra « tirer les leçons » des engagements des forces françaises. « Dans cette perspective, j’ai demandé  la préparation de plans spécifiques pour doter nos armées en hélicoptères, spécialement en hélicoptères de manœuvre, et en moyens de transports aériens tactiques, car ce sont des lacunes qui sont clairement apparues et auxquelles nous devons remédier », a affirmé M. Le Drian.

Le manque d’hélicoptères et de moyens de transports aériens tactiques avait été justement mis en avant dans un rapport du Sénat concernant les forces spéciales françaises.

« Il est regrettable que les forces spéciales ne disposent pas d’hélicoptères lourds de transport du type de ceux dont bénéficient les forces américaines et les forces britanniques avec les hélicoptères CH-47 Chinook. D’autant que le fait de ne pas disposer de capacité de ravitaillement en vol pour les hélicoptères de manoeuvre prive les forces spéciales françaises d’une capacité d’élongation très utile », avaient estimé les sénateurs.

Pourtant, l’acquisition d’hélicoptères de transport lourd avait fait l’objet d’une recommandation de l’Inspection générale des armées en 2006. Mais elle ne fut pas suivie d’effet étant donné que les hypothèses évoquées à l’époque (achat sur étagère, lancement d’un programme industriel européen, etc) auraient remis en cause la commande de 68 NH-90 TTH « Caïman » passée pour l’armée de Terre.

Le projet de développer un hélicoptère lourd avait été annoncé par la France et l’Allemagne en 2007. Deux ans plus tard, l’Agence européenne de défense (AED) confirma la définition technique de cet appareil de 32 à 35 tonnes en affichant l’objectif de le voir opérationnel en 2020. Va-t-il en être de nouveau question?

S’agissant des moyens de transport aérien tactique, les sénateurs avaient estimé nécessaire de prendre des « mesures dès maintenant afin d’anticiper le retrait » des Transall C-160, de « préparer la modification de certains C-130 [Hercules] » pour « leur donner des capacités de ravitaillement en vol d’hélicoptères » et « d’adapter la capacité C3ISTAR (boule optronique jour/nuit avec désignateur laser et console d’exploitation des images pour réaliser les missions de surveillance, renseignement, ciblage et reconnaissance) ».

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