Pour le Premier ministre israélien, « quand il s’agit de l’État islamique et de l’Iran, les ennemis de nos ennemis ne sont pas nos amis »

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Pour l’administration Obama, obtenir un accord sur le programme nucléaire iranien, suspecté d’avoir une portée militaire, permettrait d’engager une politique d’ouverture à l’égard de Téhéran, qui combat également l’État islamique non seulement en Irak mais aussi en Syrie.

Seulement, pour plusieurs pays du golfe arabo-persique mais aussi pour Israël, il n’est pas question d’un accord qui autoriserait l’Iran à continuer à son programme d’enrichissement de l’uranium à des fins civiles. Et cela pour une raison simple : ils ne font pas confiance aux dirigeants iraniens, lesquels n’ont, par le passé, pas toujours fait preuve de la plus totale transparence sur leurs intentions.

Ainsi, l’existence du site nucléaire de Fordo, où sont installées des milliers de centrifugeuses servant à enrichir de l’uranium, n’a été évoquée qu’en 2009. Les dirigeants iraniens furent mis devant le fait accompli grâce à la production de photos prises par satellite à l’appui (notamment fournies par Helios).

Dans le discours qu’il a prononcé devant le Congrès américain, le 3 mars [en anglais, en français], le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n’a d’ailleurs manqué de rappeler les dissimulations de Téhéran au sujet de son programme nucléaire. Quant au contrôle de ces activités, notamment via l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), « les inspecteurs ne font que rapporter les violations, ils ne les arrêtent pas », a-t-il souligné.

Certains commentateurs ont relativisé les propos qu’allaient tenir M. Netyanahu au sujet du nucléaire iranien. Et cela au motif qu’il ne cesse de répéter, au moins depuis 1996, que Téhéran est sur le point de se doter de l’arme nucléaire. Mais, ce serait oublier qu’il n’est pas le seul à exprimer une pareille préoccupation (des parlementaires français l’ont fait, des services de renseignements ont produit des documents) et que des actions clandestines ont été menées pour retarder le programme iranien, des bases ayant mystérieusement sauté, des scientifiques ayant été éliminés et des virus informatiques, comme le fameux Stuxnet, ont causé quelques dégâts.

En outre, à plusieurs reprises, l’AIEA a critiqué le manque de coopération de Téhéran. Cela a encore été le cas le 2 mars. Son directeur, Yukiya Amano, a affirmé que « l’Agence n’est pas en mesure de garantir de manière crédible l’absence de matières et activités nucléaires non déclarées en Iran » en précisant qu’il lui était donc impossible de conclure que toutes les matières nucléaires utilisées en Iran l’étaient à des fins pacifiques.

Aussi, pour M. Netanyahu, « l’Iran a prouvé à maintes reprises qu’on ne pouvait lui faire confiance et c’est pourquoi une première concession majeure serait une grande source de préoccupation; cela lui laisserait une vaste infrastructure nucléaire avec les seuls inspecteurs pour surveiller cela; cette concession crée un danger réel, celui de voir l’Iran se doter de la bombe en violant l’accord ».

Le Premier ministre israélien a ensuite réponde à ceux qui pensent qu’un accord sur le nucléaire en échange d’une levée des sanctions internationales permettrait des « changements positifs en Iran ».

« Je ne crois pas que le régime extrémiste de l’Iran changera après cet accord; ce régime est au pouvoir depuis 36 ans et son appétit vorace d’agression augmente d’année en année », a estimé M. Netanyahu. « Cet accord ne ferait que nourrir davantage l’appétit de l’Iran. Est-ce que l’agressivité de l’Iran serait moindre avec les sanctions levées et une économie plus forte? Si l’Iran a englouti quatre pays en ce moment même alors qu’elle est soumise à des sanctions, combien de pays va-t-elle dévorer lorsque les sanctions seront levées? Est-ce qu’elle financera moins le terrorisme quand elle aura des tonnes d’argent pour financer encore plus de terrorisme? Pourquoi donc le régime extrémiste de l’Iran changerait-il positivement quand il pourra profiter du meilleur des deux mondes : l’agression à l’étranger et la prospérité à la maison? », a-t-il demandé.

Auparavant, le chef du gouvernement israélien avait rappelé les relations (complexes) de l’Iran  avec al-Qaida qui fluctuent en fonction de ses intérêts, la dureté du régime iranien, même après l’élection d’Hassan Rohani, un « modéré », à la présidence de la République, ou encore ses obsessions anti-occidentales et anti-israéliennes et son implication dans le terrorisme.

En dehors du Moyen-Orient, l’Iran a attaqué l’Amérique et ses alliés à travers son réseau global de terreur. (…) Au Moyen-Orient, l’Iran contrôle désormais quatre capitales arabes : Bagdad, Damas, Beyrouth et Sanaa et si on laisse libre cours à l’agression iranienne d’autres capitales vont tomber. Donc à un moment où beaucoup espèrent que l’Iran va se joindre à la communauté des nations, l’Iran est occupé à écraser des nations. Nous devons tous nous lever ensemble pour stopper la marche iranienne de conquêtes, de domination et de terreur », a avancé M. Netanyahu.

Quant à l’engagement de l’Iran contre l’État islamique, qui a établi un califat à cheval entre la Syrie et l’Irak, le Premier ministre israélien s’est montré catégorique.

« La  bataille entre l’Iran et l’État islamique ne fait pas de l’Iran un ami de l’Amérique », a-t-il dit car « Iran et l’État islamique sont en compétition ». Et d’ajouter : « L’un s’appelle la république islamique, l’autre s’appelle l’État islamique, tous les deux veulent contrôler un empire islamique, dans une première étape la région puis le monde entier. Ils sont juste en désaccord pour savoir qui sera le dirigeant de cet empire islamique. Dans ce jeu mortel de pouvoir, il n’y a pas de place ni pour l’Amérique ni pour Israël, pas de paix pour les chrétiens, les Juifs ou les musulmans qui ne partagent pas leurs croyances islamistes moyenâgeuses ».

« Alors, a-t-il poursuivi, quand il s’agit de l’Iran et de l’État islamique, l’ennemi de votre ennemi est votre ennemi ». Car, selon M. Netanyahu, « la différence est que l’État islamique est armé avec des couteaux de boucher, des armes saisies et YouTube alors que l’Iran pourrait bientôt être armé avec des missiles balistiques intercontinentaux et des bombes nucléaires ».

Aussi, a continué le Premier ministre israélien, « le plus grand danger auquel notre monde doit faire face est le mariage de l’Islam militant avec les armes nucléaires » et « vaincre l’État islamique » tout laissant « l’Iran obtenir des armes nucléaires serait comme de gagner une bataille mais de perdre la guerre. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire ».

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