Libye : Deux champs pétroliers sont tombés sous le contrôle des « islamistes radicaux »

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Récemment, les autorités légales libyennes – repliées à Tobrouk – ont demandé la levée de l’embargo sur les armes afin de disposer des moyens nécessaires pour combattre les jihadistes de l’État islamique qui imposent peu à peu leur influence dans le pays ainsi que les milices islamistes Fajr Libya, qui soutiennent un gouvernement non reconnu par la communauté internationale.

Cette demande est restée lettre morte. Mieux même : un rapport des Nations unies préconise au contraire un renforcement de cet embargo au motif que les autorités libyennes sont dans l’incapacité de contrôler les flux d’armes dans le pays et que ces dernières risquent de tomber entre de mauvaises mains. En outre, le document, rédigé par des experts, estime qu’en armant les « acteurs locaux pour combattre » les jihadistes sur le terrain, les « gouvernements étrangers prendraient le risque d’exacerber une situation déjà explosive », rapporte le Wall Street Journal

Seulement, embargo ou pas, les armes et les munitions ne manquent pas en Libye, grâce notamment aux anciens arsenaux du régime du colonel Kadhafi mais aussi à la contrebande. En outre, certains pays arabes s’en sont affranchis en livrant des équipements militaires aux factions qu’ils soutiennent.

Du coup, alors que les Nations unies tentent de trouver une solution politique improbable en Libye, tant les divisions sont profondes, les forces loyales aux autorités de Tobrouk, désormais commandées par le général Khalifa Haftar, continuent de combattre la milice Fajr Libya mais aussi des groupes islamistes radicaux, dont l’État islamique.

Au cours de la journée du 3 mars, les deux camps se sont ainsi mutuellement bombardés. Les forces aériennes loyalistes ont effectué un raid aérien sur l’aéroport de Tripoli, passé sous le contrôle de Fajr Libya, à l’issue de violents combats contre les brigades de Zenten, proches des mileux libéraux. « Nous avons aussi bombardé d’autres positions de ces milices à Tripoli », a aussi indiqué le général Sagr al-Jerouchi, le commandant de l’aviation gouvernementale, lequel a précisé qu’il s’agissait d’une réponse à une attaque menée contre le terminal pétrolier d’Al-Sedra, dans l’est du pays.

Les moyens utilisés pour ce raid n’ont pas été précisé. L’on sait que les forces du général Haftar disposent d’une douzaine d’aéronefs, dont douzaine d’aéronefs, dont 4 MiG-21, 4 MiG-23 et 4 hélicoptères Mi-25. Quoi qu’il en soit, la frappe sur l’aéroport de Tripoli a semble-t-il manqué sa cible. Selon le Libya Herald, trois missiles auraient été tirés par un avion. En outre, on ignore d’où ce dernier a décollé. Sachant que les forces aériennes libyennes n’ont pas de capacités de ravitaillement en vol, cela limite les possibilités.

Quant au raid aérien mené vraisemblablement par Fajr Libya contre le terminal d’Al-Sedra a lui aussi manqué son objectif, qui semblait être un réservoir de pétrole. D’après le colonel Ali al-Hassi, le porte-parole des gardes des installations pétrolières (Petroleum Facilities Guard, PFG), deux avions MiG-21 aurait décollé de Syrte pour cette opération. La ville natale du colonel Kadhafi est partiellement contrôlée par la milice islamiste et elle est aussi devenue un fief de l’EI.

Depuis décembre, les milices islamistes tentent de prendre le contrôle des infrastructures pétrolières du pays. À ce sujet, le rapport des Nations unies, précédemment évoqué, préconise la mise sur pied d’une force de surveillance maritime afin d’empêcher les trafics d’armes mais aussi l’exportation illégale du pétrole libyen…

Jusqu’à présent, les milices islamistes ont échoué à prendre le contrôle des installations pétrolières dans l’est du pays. Mais celles d’Al-Bahi et d’Al-Mabrouk viennent de changer de main, le colonel Ali Al-Hassi ayant expliqué que leurs gardes avaient été contraints de les évacuer, faute de munitions. Ces deux champs pétroliers, situés à 170 km au sud de Syrte (et à 500 km de Tripoli) sont à l’arrêt depuis plusieurs semaines. L’un d’eux avait déjà été attaqué en février par des « islamistes radicaux ». Un troisième, celui d’Al-Dhara, serait sur le point de subir le même sort.

D’après le Libya Herald, le colonel Al-Hassi a indiqué que les assaillants qui se sont emparés des deux champs pétroliers appartiendraient à l’EI qu’ils auraient agi en coordination avec les milices islamistes.

Photo : Un Mig-23 libyen (d’avant 2011)

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